Invité ce mercredi soir du «20 heures» de TF1, le premier ministre a affiché son désaccord avec son prédécesseur à Matignon, qui estime pour sa part que de nouvelles législatives deviendront «assez inéluctables» si la situation venait à s’enliser.

De la friture sur la ligne au sein de la macronie. À une dizaine de jours du vote de confiance sollicité par François Bayrou à l’Assemblée nationale, le 8 septembre prochain, sur son plan d’économies, la classe politique est déjà tournée vers l’après. À juste titre. Au vu des intentions de vote négatives de la gauche et du Rassemblement national (RN) – deux blocs qui, additionnées, constituent une majorité arithmétique dans une Chambre basse qui en est dépourvue -, le premier ministre semble, à ce stade, promis à un échec. Et donc forcé à une démission. Peu importe que le premier ministre ait invité à Matignon, dès lundi, les chefs de partis politiques et de groupes parlementaires pour négocier sa feuille de route budgétaire, la perspective de sa chute est déjà dans tous les esprits. Y compris dans celui d’Édouard Philippe, patron du parti Horizons.

Après l’annonce surprise de son successeur rue de Varenne, le candidat déclaré à la prochaine présidentielle est sorti ce mercredi de son silence. Auprès de l’AFP, il a jugé qu’une nouvelle dissolution de l’Assemblée deviendrait «assez inéluctable» en cas de blocage politique durable ou d’incapacité à adopter les textes budgétaires. «Parce que si rien ne se passe, si aucun gouvernement ne peut préparer aucun budget, comment règle-t-on cette question ?», a-t-il fait mine de s’interroger, tandis que l’entourage d’Emmanuel Macron a fait savoir que le président ne «souhaitait pas» convoquer de nouvelles législatives, mais qu’il ne se «privera pas a priori d’un pouvoir constitutionnel» regagné début juillet, un an après le second tour des législatives post-dissolution de 2024. Un scénario que François Bayrou balaie d’un revers de main, même s’il était amené à quitter Matignon.


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Invité du «20 heures» de TF1 ce mercredi soir, le premier ministre a affirmé ne «pas croire qu’une nouvelle dissolution nous permettrait d’avoir une stabilité, une volonté, une détermination du pays et de ses gouvernants pour avancer». Une déclaration à contre-courant, non seulement des appels lancés en ce sens par le Rassemblement national (RN), mais aussi de l’opinion publique. Selon un récent sondage Ifop, 63% des Français sont favorables à une deuxième dissolution, contre seulement 41% début juin. Signe probable d’une lassitude croissante dans le pays face aux blocages politiques.

Comme s’il jetait ses dernières forces dans la bataille, François Bayrou a rappelé sa volonté à «ouvrir toutes les négociations nécessaires» avec les oppositions sur le budget… à condition, toutefois, qu’un consensus émerge avec les partis politiques «sur l’importance de l’effort» à consentir pour réduire le niveau de la dette. À l’entendre, sa chute n’est pas écrite d’avance. «Il reste douze jours et douze jours, c’est très, très long pour parler», a-t-il fait valoir, plaidant pour un «accord sur la gravité, sur l’urgence des choses», qui pourrait ouvrir la voie à «des négociations» dans un second temps.