Venu au cinéma Le Travelling pour présenter L’homme qui a vu l’ours qui a vu l’homme, dans lequel il tient un rôle d’acteur, de scénariste et de réalisateur, Pierre Richard a accepté de raconter les dessous du tournage.

Cela fait presque 20 ans que vous n’aviez pas réalisé de film. Qu’est-ce qui vous a motivé à reprendre cette activité ?

C’est toujours pareil, je ne me suis pas dit « tiens, je vais faire un film ». Parce qu’il faut déjà l’écrire, et si je n’ai pas d’idée forte, je ne peux pas faire de film. D’autant qu’être réalisateur et acteur, c’est bien plus éprouvant que de simplement jouer, il y a une sacrée différence que simplement jouer. Je me lève avant tout le monde et je me couche après.

Pourquoi avoir choisi de le tourner à Gruissan ? Pour rendre hommage à la ville et ses habitants ?

Tout à fait, c’est une forme d’hommage. Cela fait 40 ans que je vais à Gruissan, j’y ai rencontré des gens cocasses, drôles touchants imprévisibles. Mais il ne faut pas non plus prendre ça pour un documentaire, d’autant que ces personnages ne suffisent pas pour faire un film. Le déclic est venu après qu’une amie m’a soufflé l’idée du personnage du pêcheur, auquel j’ai pu m’identifier.

Comment s’est passé le choix des acteurs ?

J’ai tenu à prendre beaucoup de comédiens du sud, parce que je ne voulais pas de comédiens parisiens qui font semblant de parler avec un faux accent caricatural. Les acteurs du film jouent sincère, juste et avec un accent parfait : le leur. En ce qui me concerne, l’accent n’était pas un problème vu que je ne joue pas le rôle d’un Gruissanais. Et le jeune Timi-Joy Marbot n’a pas l’accent non plus.

Justement, Timi-Joy Marbot est très sincère dans son rôle du jeune ami du pêcheur, atteint d’autisme Asperger…

Absolument, il a une place importante dans le film et son talent est énorme. Avec ma directrice de casting, nous avons vu passer une quarantaine de jeunes, et quand Timi-Joy est arrivé, on s’est tout de suite regardés : c’était tellement évident qu’il était parfait pour ce rôle ! Ça a été un plaisir de tourner avec lui.

Au-delà du scénario, on a l’impression que le long-métrage est filmé de manière à mettre en valeur la région de Gruissan, ses paysages…

Il se trouve que j’habite devant l’étang de l’Ayrolle, j’y passe tous les étés et j’avais envie de filmer à cet endroit. Or, nous avons tourné en octobre-novembre et je me suis rendu compte que je connaissais moins le pays que ce que je pensais. Ce n’était pas le même temps, pas le même ciel. J’ai pu apprécier cette zone différemment.

Que diriez-vous aux gens pour leur donner envie de venir voir le film ?

Rien du tout, ce n’est pas à moi de dire aux gens s’ils doivent venir ou pas. J’ai vu beaucoup de bons films qui ne marchaient pas pour des raisons obscures, et au contraire de mauvais films qui font un carton. Tout ce que je peux dire, c’est que c’est la première fois que je fais un film qui n’est pas résolument burlesque. Ça n’empêche pas le comique mais il y a aussi des touches mélancoliques et des thèmes abordés qui sont plus sérieux. C’est peut-être mon film le plus personnel.