Selon la HAS, environ 10 % des patients opérés nécessitent une réintervention dans les 10 ans, toutes techniques confondues. © Freepik
En France, près de 17 % de la population adulte est obèse selon la dernière enquête ObÉpi. Soit plus de 8 millions de personnes concernées, un chiffre qui ne cesse de progresser depuis 30 ans.
Et cette maladie chronique n’est pas seulement un problème esthétique. Elle augmente fortement le risque de diabète de type 2, d’hypertension, d’apnée du sommeil, de cancers ou encore de maladies cardiovasculaires.
Face à l’échec des régimes à long terme, la chirurgie bariatrique s’est imposée comme une solution efficace. En 2022, près de 50 000 interventions ont été pratiquées en France selon l’Assurance Maladie. Les plus connues sont la sleeve gastrectomie (retrait de 80 % de l’estomac) et le bypass gastrique (court-circuit d’une partie de l’intestin). Mais une nouvelle technique attire l’attention des chercheurs : le SADI-S.
Qu’est-ce que le SADI-S ?
Le SADI-S (Single Anastomosis Duodeno-Ileal Bypass with Sleeve Gastrectomy) est une opération en deux temps :
- On réalise une sleeve classique, en retirant une grande partie de l’estomac.
- On dérive l’intestin grêle en le raccordant directement au duodénum (juste après l’estomac), en court-circuitant une partie importante du tube digestif.
L’estomac est réduit et l’absorption des nutriments est limitée. C’est donc une chirurgie restrictive et malabsorptive, comme le bypass, mais avec une anastomose (connexion digestive) unique, ce qui la rend théoriquement plus simple et plus rapide à réaliser.
SADI-S : des résultats vraiment prometteurs ? Les premières conclusions de l’étude française SADISLEEVE
En août 2025, l’équipe du Pr Maud Robert, au sein du Centre intégré de l’obésité des Hospices Civils de Lyon, a publié les résultats de l’essai SADISLEEVE. Le premier essai randomisé multicentrique français comparant le SADI-S au bypass gastrique en Y (référence mondiale depuis plus de 30 ans).
Les chiffres clés à 2 ans selon les Hospices Civils de Lyon dans son communiqué du 26 août :
- Perte d’excès de poids : 76 % avec le SADI-S vs 68 % avec le bypass.
- Rémission du diabète de type 2 : 57 % après SADI-S vs 62 % après bypass (pas de différence significative).
- Profil de complications :
- SADI-S : plus de complications précoces (fuites anastomotiques, diarrhées sévères).
- Bypass : plus de complications tardives (hernie interne, occlusion).
- Carences nutritionnelles : plus fréquentes avec le SADI-S, surtout en vitamines liposolubles (A, D, E, K), mais bien prises en charge avec un suivi adapté.
Ces résultats ont été publiés et présentés lors de congrès internationaux. Un suivi est prévu à 5 et 10 ans pour évaluer la durabilité des effets.
Quels avantages pour les patients ?
Le SADI-S offre une perte de poids supérieure, ce qui peut représenter un gain majeur pour les patients souffrant d’obésité sévère ou ayant déjà échoué après une sleeve. De plus, la technique pourrait avoir des effets spécifiques sur certaines hormones intestinales (GLP-1, PYY), améliorant la régulation de l’appétit et du métabolisme.
Pour certains patients diabétiques, notamment ceux qui n’ont jamais été opérés auparavant, le SADI-S semble apporter un bénéfice supplémentaire, même si la différence avec le bypass n’est pas spectaculaire à 2 ans.
Mais quels risques ?
Comme toute chirurgie bariatrique, le SADI-S n’est pas sans risques :
- Complications précoces : fuites digestives, hémorragies, diarrhées sévères.
- Carences nutritionnelles : plus fréquentes que dans le bypass, imposant une supplémentation stricte à vie et des bilans réguliers.
- Manque de recul : la technique est encore récente en France et le suivi à long terme est indispensable.
« Le SADI-S est une opération prometteuse, mais elle doit rester réservée à des centres experts avec un suivi multidisciplinaire rapproché », insiste le Pr Robert dans le communiqué des HCL.
Quelles perspectives en France ?
Aujourd’hui, le SADI-S n’est pas encore validé par la Haute Autorité de Santé (HAS) pour une utilisation large. Il reste donc limité aux essais cliniques ou à quelques centres spécialisés. Mais si les résultats à long terme confirment la supériorité observée, il pourrait bien devenir une alternative de choix au bypass gastrique.
En pratique, la chirurgie de l’obésité reste encadrée par un parcours obligatoire :
- Suivi médical et psychologique d’au moins 6 mois.
- Validation par une équipe pluridisciplinaire (médecin nutritionniste, chirurgien, psychiatre).
- Engagement du patient à un suivi à vie.
Alors que l’obésité continue de progresser en France, le SADI-S pourrait donc représenter une piste sérieuse pour améliorer la prise en charge des patients.
À SAVOIR
En France, la chirurgie bariatrique est prise en charge à 100 % par l’Assurance Maladie lorsqu’elle est réalisée dans les indications définies par la Haute Autorité de Santé : IMC supérieur à 40 kg/m², ou IMC supérieur à 35 kg/m² associé à au moins une complication grave (diabète de type 2, apnée du sommeil, hypertension artérielle, etc.).
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