Présenté en ouverture de la 82e Mostra de Venise, le douzième film du cinéaste oscarisé imagine les six derniers mois du président de la République d’Italie, confronté à des choix difficiles. Convaincant.

Le synopsis

Il y a l’ordre, la discipline et la loi dans la vie de Mariano De Santis, le président de la République d’Italie. Installé depuis sept au Palais Quirinal de Rome, il approche de la fin de son mandat avec une certaine désillusion envers les hommes et la politique. Juriste émérite, l’homme vit avec sa fille Dorotea, se livre à quelques confidences intimes auprès de son garde du corps ou de son plus vieil ami, désormais ministre de la Justice. Mais n’est pas du genre à rire en public, encore moins à laisser transparaître ses émotions. D’autant qu’il n’a jamais oublié Aurora, son épouse disparue huit ans plus tôt et dont il n’a jamais percé le mystère : avec qui l’a-t-elle trompé quarante ans auparavant ?

La critique de Paris Match (3/5)

Avec « La grâce », Paolo Sorrentino offre d’abord un rôle en or à son complice Toni Servillo – il s’agit là de leur sixième long-métrage ensemble. Le cinéaste italien se permet surtout une belle réflexion sur la fin de vie, puisque son chef de l’État est confronté au choix ultime : doit-il promulguer la loi sur l’euthanasie avant son départ du pouvoir ? Ses principes, son éducation, ses croyances l’invitent à ne pas le faire. Il va même consulter le Pape, africain et roulant en scooter dans les jardins du Vatican, pour tenter de sortir de son doute raisonnable, affronter son dilemme moral. Sorrentino renvoie ici la société italienne à ses propres questionnements, le débat agitant la péninsule depuis 2019. Et depuis juillet dernier le gouvernement de Giorgia Meloni a ouvert la porte à la dépénalisation du suicide assisté. Sorrentino s’efforce – et c’est le défaut de son film – à faire du Sorrentino, glissant çà et là des séquences poético-absurdes, rigolotes, mais sans grand intérêt, telle cette visite officielle à Rome du président Portugais.

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Mais Servillo jubile quand son personnage (rappelant évidemment Sergio Mattarella, l’actuel président de la République italienne) découvre le rap, fume en cachette ou se laisse rabrouer avec tendresse par Coco Valori sa plus vieille amie (géniale Milvia Marigliano), critique d’art désabusée, allusion appuyée à « La Grande Belleza » le film qui permit à Sorrentino de décrocher un Oscar en 2014. Douze ans plus tard, la désillusion est toujours là, les personnages baissent souvent les bras, abîmés par la vie, s’octroient un verre de vin et mangent du poisson cuit à la vapeur. Mais des éclairs de lucidité leur permettent de prendre encore des décisions courageuses, pour eux-mêmes et pour le monde dans lequel on vit. C’est ce que Paolo Sorrentino a choisi d’appeler la grâce : une légèreté née des questionnements les plus douloureux.

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« La grâce » sortira en France en janvier 2026