Sangliers et pigeons ? Ils sont la bête noire des viticulteurs de Bellet. Alors que les vendanges commencent, le vignoble urbain niçois est la proie quotidienne des cochons sauvages et des ramiers, qui se gavent de raisins bien mûrs et du coup, menacent l’intégrité des récoltes. Cela tombe mal dans la mesure où les vendanges, précoces – en raison des fortes chaleurs estivales – ont démarré pour durer entre 3 et 4 semaines.
Le phénomène n’est pas nouveau. Carine Dalmasso, gérante du Domaine de La Source et présidente du Syndicat des vignerons de Bellet, le constate amèrement: « C’est comme cela chaque année. Il a fait très chaud, les sangliers ont soif, alors ils se désaltèrent en mangeant les grappes qu’ils mastiquent après les avoir arrachées. Les ramiers, eux, picorent les grains, mais viennent en groupes, ce qui abîme les grappes et les fait tomber. Ce sont de gros oiseaux… »
« Le cauchemar démarre début août »
Malignes, les bêtes agissent en fonction de la maturité des fruits. C’est d’abord le braquet, mûr en premier, qui trinque. Ensuite, c’est au tour du rolle et ainsi de suite. La configuration des lieux compte également: « Les parcelles des vallons proches des zones forestières, plus abritées, sont touchées avant les autres. » Moins exposés, moins repérés, en effet, les gloutons se gavent frénétiquement, en toute tranquillité.
Au Clos Saint-Vincent, Gio Sergi est autant désespéré que résigné par ces prédateurs qui ne lâchent pas la grappe aussi facilement. « On est toujours embêtés. Le cauchemar démarre début août. La soif motive les sangliers. Cette année, en plus de sucer les grappes qui finissent par pourrir, ils ont même arraché des sarments. Et le reste du temps, ils cassent tous les talus pour démonter, creuser, fouiller à la recherche de nourriture. Les pigeons, eux, picorent, alors il peut rester quelques grains. Toutes les pointes qui touchent les vallons sont impactées. »
Opération anti-sanglier avec le louvetier
Carine Dalmasso, représentante des viticulteurs de Bellet, déplore une perte sèche des récoltes pouvant aller jusqu’à 30%. Photo Sébastien Botella.
Évidemment, ces ravages ont des conséquences sur la production: « De 10 à 20% de parcelles perdues et donc, de manque à gagner », comptabilise, dépité, Gio Sergi. Carine Dalmasso, elle, monte la barre « à 30% de la récolte foutus ».
Que peuvent faire les viticulteurs? Solliciter le lieutenant de louveterie, chargé de l’abattage des animaux sauvages causant des dégâts aux cultures après avoir obtenu le feu vert de la préfecture. « On lui a demandé de venir cet été, poursuit Carine Dalmasso, et quelques sangliers, une dizaine, ont été éliminés. Mais pas suffisamment. Il y a encore à faire. Le louvetier peut aussi se charger des ramiers. »
Filets protecteurs: le système D
Certains viticulteurs ont essayé de trouver une autre parade: les filets protecteurs. C’est le cas au domaine de Vinceline, où Vincent et Céline Dauby ont un peu limité les dégâts. « Les filets, explique Céline, c’est surtout pour les oiseaux, toutefois, ça complique aussi l’intrusion des sangliers. C’est moins pratique pour eux pour accéder aux grappes. Cela fait déjà quelques années qu’on a pris ces mesures et les filets nous ont permis de sauvegarder l’essentiel de nos récoltes. »