Les obsèques de Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, se sont déroulées à Nice ce mercredi 27 août dans la plus stricte intimité.

Selon BFMTV, seuls vingt-cinq proches étaient présents, parmi lesquels ses deux compagnons de stream, NarutoVie (Owen Cenazandotti) et Safine Hamadi, témoins directs du drame.

D’après nos informations, la mère et le frère du défunt sont allés voir le corps une dernière fois ce mercredi à la morgue de la Madeleine, à Nice.

À l’issue de la cérémonie, le corps du streamer de 46 ans a été incinéré. Son décès, survenu en direct le 18 août après un marathon de streaming de plus de douze jours, a bouleversé le monde du numérique et au-delà.

Devant près de 200.000 spectateurs connectés, l’homme est apparu inerte, filmé une dernière fois dans le studio insalubre de Contes, transformé en décor par les membres du collectif LeLokal. 

Quelques heures plus tard, les images de sa mort devenaient virales…

La « maltraitance LOL », jusqu’au point de non-retour

Depuis des mois, Raphaël Graven, ancien militaire et ex-ouvrier en Moselle, subissait à l’écran insultes, coups, projectiles de paintball ou humiliations diverses.

Présentées par ses compagnons comme des « mises en scène », ces séquences illustrent une tendance inquiétante du streaming: la « maltraitance LOL », où la souffrance des plus vulnérables devient matière à divertissement.

Chaque soir, des milliers d’internautes assistaient en fait à ce qui ressemblait à une lente descente aux enfers.

Plusieurs anciens proches, dont la streameuse Justfoxyy\_, ont raconté avoir tenté d’aider Jean Pormanove… en vain. « Il était trop dépendant du Lokal », explique-t-elle, dénonçant le harcèlement massif orchestré par certains membres de sa communauté.

Enquêtes en cascade

Dix jours après le drame, l’affaire dépasse le cadre judiciaire local. Si l’autopsie a écarté toute intervention extérieure, des analyses toxicologiques et médicales sont en cours, alors que le parquet de Nice poursuit son enquête pour éclaircir les causes exactes du décès.

Parallèlement, la procureure de Paris, Laure Beccuau, a ouvert une enquête pour « fourniture en bande organisée de plateforme en ligne illicite ».

Kick, la plateforme australienne qui hébergeait les lives, est soupçonnée d’avoir laissé prospérer sciemment des contenus violents. Ses responsables ont promis de collaborer avec les autorités françaises lors de cette enquête.

La ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, a annoncé une plainte distincte pour « manquements », dénonçant « un Far West numérique » et l’absence de modération adaptée.

Les responsables risquent jusqu’à dix ans de prison et un million d’euros d’amende.

Le malaise du streaming français

Cette sordide affaire a également mis en lumière le rôle trouble de certaines célébrités.

Libération a révélé que des sportifs de renom, dont Bradley Barcola et Pierre-Emerick Aubameyang, avaient enregistré des vidéos d’encouragement diffusées lors du marathon fatal.

Adil Rami s’était même rendu sur place quelques mois plus tôt. Tous assurent ne pas avoir mesuré la gravité des contenus.

À Drap, dans le quartier de la Condamine où vivait Raphaël Graven, les habitants restent partagés.

Certains affirment qu' »il vivait sa meilleure vie » grâce au Lokal, d’autres dénoncent l’exploitation d’un homme « influençable » et « fragile ».

Dix jours d’emballement

Depuis le 18 août, révélations et polémiques s’enchaînent: accusations de manipulation, enquêtes judiciaires, critiques contre l’Arcom jugée « impuissante », et débats sur la responsabilité morale des plateformes.

Dix jours qui ont mis en lumière le glissement d’une partie du monde du streaming vers des pratiques violentes, où l’humiliation devient un produit marchand.

Les résultats définitifs des analyses pour comprendre pourquoi Jean Pormanove s’est effondré ce soir-là sont encore attendus.

Le drame a même franchi les frontières de la France. Le streamer américain Adin Ross et le rappeur Drake ont annoncé qu’ils prendraient en charge les frais funéraires.