Il y a six mois, Volodymyr Zelensky sortait humilié de la Maison-Blanche, accusé par Trump et JD Vance d’être responsable de la guerre en Ukraine. La leçon, il l’a retenue. Et il a compris le message. 

Devant Trump et les chefs d’État réunis à Washington pour discuter des efforts américains en vue de mettre fin au conflit, il s’est plié à l’exercice : en quatre minutes et demie, il a remercié Trump onze fois. Pour avoir organisé la rencontre, pour la conversation, pour lui avoir présenté des personnalités importantes, même pour une carte géographique offerte comme un bibelot. La scène frisait la comédie.

Et il n’était pas seul : les autres participants, les uns après les autres, ont eux aussi récité leur hommage au « leadership » de Trump. On se serait cru dans une pièce de théâtre mal jouée, où chacun connaît son rôle : flatter le maître de cérémonie. Cette première partie de la réunion tenait du burlesque.

Pendant ce temps, à Moscou, Vladimir Poutine savourait sa réhabilitation diplomatique offerte quelques jours plus tôt par Trump qui l’a reçu en grand en Alaska, lui permettant de sortir de l’isolement international et de revenir en force sur la scène mondiale. Et ce, malgré le mandat d’arrêt de la CPI. Pendant ce temps, l’armée russe, elle, redoublait ses bombardements.

Installé à la table des grands, bénéficiant de tous les égards et tout le décorum d’une mise en scène soignée (tapis rouge, limousine présidentielle américaine, avions militaires, etc.), Poutine a récolté ce qu’il voulait : une victoire symbolique. Il ménage Trump, mais ne cède rien et ses positions maximalistes restent inchangées.

Ses exigences – neutralité forcée de l’Ukraine, abandon du Donbas – ont été posées sans concession, à part peut-être un simple gel des lignes de front ailleurs. Il va sans dire que ces demandes suscitent une forte opposition, notamment de la part de l’UE, qui les considère comme un piège visant à légitimer les progrès territoriaux.

Résultat? Aucun. Pas de trêve, pas d’accord. Juste un Trump qui passe de « cessez-le-feu immédiat » à un vague « accord de paix global », sans engagement clair sur les sanctions, sans vision. Sur la scène internationale la rencontre Trump – Poutine a été jugée comme un échec diplomatique pour les États-Unis, qui n’ont pas défendu les intérêts ukrainiens de manière ferme, tandis que Poutine a bénéficié d’une tribune favorable.

Et c’est là tout le drame : certains commentateurs estiment qu’à l’ère Trump, la diplomatie se réduit à la mise en scène où on confond l’apparence de dialogue avec le contenu, le spectacle avec le résultat. Ceci amplifie la légitimité de dirigeants adverses. Poutine, lui, connaît la musique : il joue la corde de la puissance, et Trump lui offre la scène pour donner son spectacle.

Cette guerre, l’une des plus sanglantes de l’histoire, a déjà coûté près d’un million de vies civiles et militaires. Si Trump parvenait à arracher ne serait-ce qu’un cessez-le-feu, je serais le premier à l’applaudir. Mais il est illusoire d’attendre des concessions d’un Poutine qui croit dur comme fer, et plus que jamais, que l’Ukraine appartient à la grande Russie.