« Police! ». Ce mercredi 27 août, vers midi, les clients attablés sur la place à l’huile, derrière l’hôtel de ville de Toulon, ont assisté à une intervention  musclée de policiers en civil de la brigade anti-criminalité du commissariat de Toulon, à l’entrée d’un bâtiment situé dans les environs de la Maison des têtes.

Un réseau de prostitution sous surveillance

L’arrivée d’un individu correspondant à un profil recherché dans la cadre d’un réseau de prostitution a déclenché un coup de filet dans un appartement identifié par les enquêteurs. 

Dans ce logement, nouvellement investi par de supposés proxénètes, les policiers varois ont procédé à l’interpellation de quatre personnes, trois hommes, ainsi que deux jeunes femmes, dont une fille mineure.

Depuis plusieurs heures, les enquêteurs étaient remontés jusqu’à ce lieu, après que ces hommes, tous majeurs, aient quitté un autre logement loué sur Airbnb. 

Le « lover boy » qui surveillait les passes

Dans les lieux, les policiers ont pu ainsi mettre en sécurité une adolescente qui se livraient à des passes avec des clients de tout âge, certains pouvant être des grands-pères, moyennant une contrepartie financière, dont la totalité a été conservée par les proxénètes. 

Les « proxos » et Marie (son prénom a été modifiée en raison de sa qualité d’enfant mineure), ont été conduits au commissariat central de Toulon pour être entendus.

Selon l’adolescente, plus de 3.000 euros auraient été perçus par ces individus, dont celui qu’elle considère comme son « amoureux », rencontré après des discussions sur les réseaux sociaux. 

Une autre fille se livrait aussi à des ébats tarifés dans l’appartement, sous surveillance constante d’au moins deux hommes dissimulés dans une pièce attenante.

Des sortes de garde du corps chargés de récupérer l’argent et de surveiller les jeunes filles. 

Sous emprise d’un « lover boy » (un garçon jouant le rôle de la séduction pour inciter une mineure à vendre son corps comme une marchandise), elle monnayait son corps à des clients de tout âge qui ont été photographiés et seront identifiés à l’issue de l’enquête.

Eux mêmes devront répondre de leurs actes devant la justice. 

Des clients âgés, identifiables et 

À la vue du physique de la mineure, proche de celui d’une fille à peine sortie de l’enfance, il est peu probable qu’ils puissent prétendre avoir eu une relation avec une majeure. La justice considère qu’à moins de 15 ans, les faits relèvent de la qualification criminelle de « viol » et relèvent d’un jugement devant la cour d’assises. 

Interpellés et placés en garde à vue, les quatre majeurs sont auditionnés dans un cadre légal que le procureur de la République de Toulon n’a pas souhaité communiquer en raison de la « nécessité de protéger la victime mineure d’une médiatisation excessive ». 

Marie a été entendue par les policiers varois sur les nombreux jours vécus dans cette atmosphère glauque, sous la surveillance d’adultes. Ce mercredi, elle n’avait pas fait l’objet d’un examen médico-légal ni d’expertise sanguine sur une éventuelle consommation de produits stupéfiants. 

Libérée dans la journée, elle a pu retrouver un lieu plus sûr et contacter ses proches. 

La prostitution des moins de 18 ans sévèrement punie et des clients fichés

Qu’importe le soit disant consentement d’une adolescente, le Code pénal réprime de 7 ans d’emprisonnement et de 100.000 euros d’amende le recours à la prostitution d’une mineure. 

Si le client a connaissance de la minorité de la personne ou si celle-ci est particulièrement vulnérable, les sanctions peuvent être alourdies. 

En cas de proxénétisme ou de traite des êtres humains impliquant une mineure, les peines sont alourdies, jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité dans les cas les plus graves. 

Les clients peuvent faire l’objet de peines complémentaires (inscription au fichier des délinquants sexuels, interdiction d’exercer une activité en contact avec les mineurs, obligations de soins…).