Par

Enzo Legros

Publié le

28 août 2025 à 6h46

En cette fin de mois d’août 2025, les étudiants les moins chanceux sont pris dans un vent de panique ô combien angoissant : la recherche tardive d’une alternance. Les réponses automatiques décourageantes, des refus malgré pléthore d’entretiens… Le parcours peut-être sinueux, et l’attente insoutenable lorsque le Graal est indispensable pour valider son admission dans son école supérieure. Mais pour Monique, étudiante sénégalaise arrivée à Toulouse en 2022, l’enjeu est encore plus grand et terrifiant. Comme de nombreux étudiants étrangers en France, si elle ne trouve pas d’alternance, elle pourrait être forcée de quitter le pays. Témoignage.

Du statut d’étudiante à celui de sans-papier

C’est le souffle marqué par la crainte que Monique, étudiante de 26 ans, a accepté de se confier à Actu Toulouse sur la situation qui occupe son esprit depuis plusieurs semaines. Admise dans une école toulousaine en ressources humaines, elle se retrouve depuis juin 2025 dans les rouages de la difficile recherche d’alternance. Pour elle, ne pas obtenir de contrat d’apprentissage ne mettrait pas seulement son année d’études en péril. Cela viendrait anéantir un parcours de vie démarrée dans la Ville Rose en 2022, après 23 ans de vie au Sénégal.

« Je suis venu pour découvrir une nouvelle culture, un autre monde et apprendre des connaissances qui me serviront dans le monde du travail », explique l’habitante du quartier Borderouge. Pour cela, un visa renouvelable d’un an lui a été accordé jusqu’ici, spécifique pour les études. Ce dernier arrivant à expiration fin novembre, Monique doit trouver un employeur pour confirmer son admission dans son école et pouvoir justifier le statut d’étudiant, sans quoi elle sera considérée comme une étrangère en situation irrégulière.

Des centaines de candidatures envoyées

Pour l’étudiante, cette position est très difficile à supporter, elle qui a tout fait pour « être dans les règles depuis le début ». Pour obtenir son visa d’études, Monique avait été admise dans l’une des universités de Toulouse, avant de se diriger plutôt vers une première alternance concluante et un BTS en commerce, qu’elle a obtenu. Pour répondre au niveau de ressources minimums de 650 euros par mois demandé pour l’obtention d’un visa, elle s’est même trouvé un emploi à côté de ses études.

Mais aujourd’hui, tous ces efforts ne valent plus rien. Seule une alternance lui permettrait d’intégrer sa formation en ressources humaines dont elle rêve, et de se sortir d’une situation qu’elle combat au quotidien.

J’ai envoyé plus de 500 candidatures, pour quasiment aucune réponse. Je dépose mon CV en présentiel, passe des coups de fil… Je me sens bloquée, j’ai toujours su me débrouiller depuis le début, mais cette fois, j’ai un blocage que je n’arrive pas à retirer. J’ai très peur.

Monique
Etudiante sénégalaise de 26 ans

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La demande de renouvellement de visa doit être adressée à la préfecture deux mois avant le jour d’expiration de son actuelle carte de séjour. En clair, Monique a jusqu’à fin septembre pour trouver son sauveur et éviter un statut douloureux de « sans-papier ».

Le rappel de la préfecture entérine le stress

Sur sa boîte mail, la préfecture de la Haute-Garonne, a déjà envoyé un rappel sur sa situation. « Quand je l’ai reçu, j’ai flippé », confie Monique. Elle n’est pas seule dans la même situation. Une amie à elle est plongée dans la même incertitude. «On n’est pas venu pour être en situation irrégulière, on est venu pour étudier. Si on repart comme ça sans avoir terminé, à quoi ça nous aura servi ? », s’interroge celle qui souhaite faire carrière dans les ressources humaines, « et pourquoi pas en France ».

Monique continue de marteler les candidatures à destination des entreprises de Toulouse. Un détail vient corser encore plus sa recherche. Elle a maintenant 26 ans, donc les entreprises sont obligées de la rémunérer au minimum du smic (1800 euros bruts), contre seulement 800 euros environ pour un plus jeune apprenti. « Je coûte cher, ça peut être un frein », sait Monique.

Mais elle ne compte pas perdre espoir jusqu’à la fin du mois de septembre, le moment où elle aura soit trouvé son bonheur, soit perdu son visa et sûrement quitté la France.

Monique est joignable par mail à l’adresse [email protected].

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