Le chancelier allemand Friedrich Merz et le ministre de la Défense Boris Pistorius ont annoncé, mercredi 27 août, la formation du nouveau Conseil national de sécurité (CNS) de l’Allemagne chargé de rationaliser les consultations de haut niveau sur les questions de défense et de sécurité.

Les responsables politiques allemands décrivent la nouvelle institution comme le « nouveau noyau de l’architecture de sécurité de l’Allemagne ». Il fusionne deux organes antérieurs : le Conseil fédéral de sécurité, responsable des exportations d’armes et de la politique de défense, et le cabinet de sécurité, chargé de prendre les décisions en cas de crise.

Mercredi 27 août, le chancelier Friedrich Merz a expliqué que le nouveau Conseil national de sécurité s’occuperait à la fois de la planification à long terme de la « politique de sécurité intégrée » du pays et des « questions transversales de sécurité nationale, à l’intersection de la sécurité intérieure, extérieure, économique et numérique ».

Selon le chancelier allemand, les menaces que la Russie et d’autres pays font peser sur la sécurité de l’Europe exigent une plus grande souplesse dans la prise de décision et les réponses : « Nous devons devenir plus rapides, plus créatifs et plus décisifs en renforçant nos infrastructures, en améliorant notre coordination et en rendant notre société plus résiliente dans l’ensemble », a-t-il souligné.

Selon les autorités allemandes, le CNS se réunira régulièrement sur des questions stratégiques, mais également en temps de crise. Le regroupement de ses fonctions au sein d’un seul organe permanent renforce la « professionnalisation de l’architecture de sécurité de l’Allemagne ».

Qu’est-ce qui change ?

L’une des principales missions du CNS sera la prospective stratégique et plus précisément « identifier les scénarios de menace à moyen et long terme, élaborer des options d’action et effectuer les préparatifs nécessaires », selon les fonctionnaires. Le chef de cabinet de la chancellerie, Jacob Schrot, coordonnera le conseil.

Le nouveau CNS comprendra le chancelier et neuf des ministres du gouvernement allemand. Des fonctionnaires et des experts des services de sécurité et de renseignement allemands, des 16 États fédéraux et d’institutions telles que l’OTAN et l’UE seront par ailleurs invités à participer aux réunions en fonction des besoins.

« L’époque où nous devions d’abord appeler tous les ministères pour avoir une vue d’ensemble d’une crise est révolue. C’est l’ère de la résilience générale, proactive, à l’échelle de la société — et des canaux de communication courts », a déclaré Christina Moritz, experte en architecture de sécurité, au journal néerlandais Militaire Spectator.

« L’UE et l’OTAN attendent beaucoup de l’Allemagne et, en tant que point de contact central, un Conseil national de sécurité peut contribuer à une prise de conscience générale », a-t-elle ajouté.

Les fonctionnaires allemands ont indiqué que l’objectif était en partie de mettre fin à une approche « cloisonnée » de la sécurité, les ministères gérant séparément les différents types de menaces. Le ministre du Numérique, Karsten Wildberger, sera sollicité mais la sécurité climatique, qui était étroitement liée à la sécurité nationale sous le gouvernement précédent, ne sera pas au centre des préoccupations.

Le projet de création d’un Conseil national de sécurité n’est pas nouveau. Parallèlement à la présentation de la stratégie de sécurité nationale en 2023, l’idée d’un organe centralisé a fait son chemin. Mais des désaccords entre les sociaux-démocrates du précédent chancelier Olaf Scholz et son principal partenaire de coalition, les Verts, au sujet du lieu d’implantation, ont fini par faire capoter le projet.

Les chrétiens-démocrates conservateurs de Friedrich Merz contrôlent désormais fermement les questions de politique étrangère et ont actionné le changement.

(sn)