Par

Julien Bouteiller

Publié le

28 août 2025 à 7h12

Envisager le pire ou le plus fou, enquêter, chercher, fouiller… Depuis la fin du mois de mai 2025, c’est le quotidien de Ludivine. Son père, Jean-Luc, a disparu sans laisser de trace dans la région de Rouen. Pour ses proches, reste toujours un peu d’espoir, mais surtout un besoin viscéral d’avoir des réponses. « On a tout envisagé. On ne sait plus du tout où chercher », témoigne-t-elle auprès de 76actu.

Si vous détenez des informations…

Si vous pensez avoir vu Jean-Luc, ou détenez la moindre information sur sa disparition, vous pouvez contacter la gendarmerie de Rives-en-Seine au 02 35 96 10 17.

Disparu depuis presque trois mois

C’est depuis le 2 juin que la disparition de Jean-Luc, habitant de Sainte-Marguerite-sur-Duclair, est officiellement déclarée. Avant cela, il n’a pas donné signe de vie après le 26 mai. Selon les éléments de l’enquête, son téléphone a cessé de borner le 29.

Ludivine, en froid avec son père, a appris sa disparition via les réseaux sociaux. « J’ai été très choquée, j’ai énormément pleuré. Ça reste mon papa, même si on ne se parlait plus », explique-t-elle.

Une battue a été organisée. En vain. « Dans un premier temps, j’ai préféré laisser faire la gendarmerie, mais il n’y avait rien, pas de trace de sang, rien du tout. »

Les enquêteurs tentent, en interrogeant l’entourage de Jean-Luc, de déterminer un profil. « Le divorce avec ma mère a été prononcé définitivement quelques jours avant. Et quelques semaines auparavant, il avait été admis en psychiatrie, car il avait cessé de donner signe de vie pendant un certain temps. »

Suicide, enlèvement, secte…

De quoi soupçonner un profil potentiellement suicidaire, une piste parmi d’autres. « Mais à l’hôpital, ils ont estimé que son état n’était pas préoccupant, il n’avait pas d’idées noires », précise Ludivine. « Les enquêteurs ne nous disent rien, aucune piste n’est envisagée plus qu’une autre : suicide, enlèvement, l’embrigadement dans une secte, disparition volontaire… »

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Cette dernière hypothèse semble discutable pour la jeune femme de 27 ans, « car il est parti sans rien ».

Avec son oncle, Ludivine se met, elle aussi, à enquêter, démêler les fils de la vie, pas toujours simple, de son papa, réfléchir à des lieux où il aurait pu se cacher, des témoins à interroger. « On a fait les forêts, les abords de forêts, on a tout ratissé, on a fouillé les caves de l’immeuble où il travaille. Personne n’a rien vu, rien entendu. »

Gérer une disparition au quotidien

Cette disparition ravive aussi des blessures familiales, des conflits. Mais Ludivine veut avant tout se concentrer sur son père. Envisager toutes les solutions, comme investir au mieux les réseaux sociaux ou consulter un magnétiseur. « Ce n’est pas forcément quelque chose auquel je crois, mais j’avais besoin de ça. Il m’a dit que mon père se cacherait chez quelqu’un, serait blessé, mais qu’il n’est pas mort. Je ressens beaucoup les choses, et je ne sens pas non plus que mon père est décédé. »

Mais il y a aussi des choses plus triviales à gérer. Par exemple, couper le gaz et l’électricité au domicile de son père, « car, s’il revient, je ne veux pas qu’il ait une dette ». Ou bien contester le licenciement de Jean-Luc par son employeur. « Il est officiellement porté disparu, je ne comprends pas qu’on puisse le virer ! », s’énerve Ludivine.

Le temps consacré à rechercher et exploiter la moindre piste est long. Tout en ayant une vie quotidienne à gérer.

Les premières semaines, je ne dormais quasiment pas, je pleurais énormément. Ça m’a affecté plus que je ne le pensais. Mais je ne peux pas m’arrêter de vivre.

Ludivine
fille de Jean-Luc, porté disparu

Notamment pour ses enfants, auxquels il a fallu expliquer « avec des mots simples », la situation.

Cette disparition, c’est une vie remplie de doutes et d’interrogations insupportables, et d’espoir qui s’amenuise. « Je préférerais savoir qu’il est mort, plutôt qu’on ne le retrouve jamais et ne pas savoir. »

Et si par chance Jean-Luc revient sain et sauf ? « Je lui secouerais bien les puces, en lui disant que s’il avait un mal-être, ce n’est pas en disparaissant qu’on le règle. Je ne pense pas que ça changerait notre relation, mais je veux savoir. La nuit, je fais des cauchemars, je le vois et je lui demande « Mais t’es où ? »… »

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