L’intelligence artificielle se met, fin août, au service de la vie politique, pas pour sauver la tête d’un Premier ministre en danger, mais pour faire campagne ! Aux États-Unis, le Parti démocrate commence à former ses membres. Le Comité national de formation démocrate, fondé en 2016, a déjà formé environ 120 000 candidats à toutes les échelles du gouvernement. Il y a quelques jours, il a publié un mode d’emploi pour faire campagne en utilisant l’intelligence artificielle. Une version en ligne de 30 minutes est disponible 24h/24. Le comité organise également des sessions virtuelles et d’autres en présentiel. Grâce à l’IA, les participants apprennent à préparer des discours, des messages pour les réseaux sociaux, des e-mails destinés aux électeurs, ou encore des textes pour le porte-à-porte et les appels téléphoniques. La formation dispense aussi des conseils – de bon sens, pour l’essentiel – sur ce qu’il ne faut pas faire avec l’IA, comme les deepfakes, et insiste sur la transparence. Si une vidéo de campagne est créée grâce à l’IA, mieux vaut le dire clairement pour maintenir la confiance des électeurs.

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**L’IA peut donc aider à gagner une élection. Kelly Dietrich, le directeur du comité, a accordé une interview intéressante au magazine Fast Company. D’abord, il explique que les politiciens adoptent souvent les nouvelles technologies avec retard, attendant qu’elles soient éprouvées. Cette formation vise à les pousser à ne pas perdre trop de temps. Surtout, il rappelle que, même si les élections nationales attirent l’attention, elles concernent peu de candidats.

Une aide précieuse

Aux États-Unis, il y a plus de 500 000 élus, moins de 600 au niveau fédéral, 15 000 au niveau des États, et le reste au niveau local – conseillers municipaux, élus de comté, d’académie scolaire, juges, shérifs. Et là, on est loin du milliard de dollars de la dernière présidentielle. Les candidats disposent souvent de quelques milliers de dollars, d’une équipe minuscule – trois ou quatre personnes tout au plus – et de très peu de temps puisqu’ils exercent un métier en parallèle. On comprend donc comment l’IA peut démultiplier les forces d’une campagne.

Avoir recours à l’IA n’est pas sans risques. Cet été, par exemple, quelqu’un a contacté un gouverneur américain, un membre du Congrès et des ministres étrangers en se faisant passer, grâce à l’IA, pour Marco Rubio, le secrétaire d’État, dans des messages écrits et audios. Lors de la dernière campagne présidentielle, on a aussi vu circuler des vidéos créées par l’IA – comme celle montrant Kamala Harris en uniforme soviétique – un peu trop grossières pour être crédibles. Mais avec les progrès rapides de cette technologie, il sera de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. Et un professeur de l’université de Berkeley, interrogé par le magazine Wired, s’interroge : les deux partis respecteront-ils les mêmes règles éthiques dans l’usage de cette technologie ?