Les chanceliers allemands ne sont pas nombreux à avoir été reçus au Fort de Brégançon, la résidence d’été du président de la République française. C’est le cas de Friedrich Merz, accueilli sur place ce jeudi 28 août 2025 par Emmanuel Macron, avant de participer à un Conseil des ministres franco-allemand vendredi à Toulon.

L’objectif est de conforter, voire relancer, le couple franco-allemand, après des relations plus fraîches avec le précédent chancelier Olaf Scholz.

Mais si la relation entre les deux hommes semble plutôt au beau fixe, celle que Merz entretient avec les Allemands n’est pas au diapason.

Un peu plus de 100 jours après son arrivée au pouvoir, le nouvel homme fort de la première puissance économique européenne est impopulaire : à peine un tiers des électeurs se disent satisfaits de son action, selon un sondage Forsa pour la chaîne de télévision N-TV.

La rupture de confiance s’est opérée assez vite.

Pour une majorité d’Allemands, le chancelier a manqué à ses engagements. Pendant sa campagne, Friedrich Merz avait assuré qu’il poursuivrait la politique d’orthodoxie budgétaire chère à l’Allemagne. Or, l’une de ses premières annonces a été la levée d’un tabou : le recours à l’endettement, pour redonner du souffle à la croissance et réarmer le pays.

Et puis il y a eu des promesses déçues : celle d’alléger la facture d’électricité pour tous. À l’arrivée, la mesure ne concernera que les secteurs de l’industrie et de l’agriculture. Les ménages en sont pour leurs frais.

« Chancelier de l’étranger »

Les Allemands lui reprochent de s’intéresser plus aux grandes affaires de ce monde qu’à leurs problèmes. Un désintérêt supposé qui lui a d’ailleurs valu un surnom : « Aussenkanzler », chancelier de l’étranger. Il est vrai que depuis son entrée en fonction, il multiplie les déplacements : neuf capitales européennes visitées le premier mois de son mandat. Mais là aussi certaines prises de position ou ambiguïtés ne sont pas passées inaperçues.

Il y a 10 jours, il n’excluait pas d’envoyer des troupes allemandes en Ukraine, ce qui a déclenché une vive polémique outre-Rhin. Quelques jours plus tôt, le chancelier allemand avait dû interrompre ses vacances pour justifier sa décision de suspendre les livraisons d’armes vers Israël. Une décision qui n’avait pas été comprise dans son propre camp.

La coalition avec le SPD semble bien fragile

Les débuts de la coalition CDU /CSU et SPD ont connu des débuts difficiles. En juillet, les partis de droite ont refusé de valider la candidature présentée par le parti social-démocrate, en vue du renouvellement des sièges de la Cour constitutionnelle. Ils reprochaient à la candidate Frauke Brosius-Gersdorf ses positions jugées trop libérales sur l’avortement, ainsi que son soutien à une interdiction du parti d’extrême droite AfD. Cette juriste et universitaire a fini par jeter l’éponge.

Un deuxième sujet risque de créer des dissensions entre les deux partenaires : celui de la réforme des aides sociales. Samedi 23 août 2025, lors d’un congrès régional du CDU de Basse-Saxe, Friedrich Merz a demandé à son partenaire social-démocrate de soutenir ce projet. « L’État providence tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est plus financièrement viable », a-t-il asséné, reconnaissant ne « pas faciliter la tâche » au SPD avec cette mesure.

Merz divise donc, mais il garde quand même un soutien : celui du monde économique plutôt satisfait de sa volonté réformatrice et qui attend aujourd’hui des résultats.