Comment pouviez-vous ne pas avoir la mâchoire pendante et les yeux exorbités quand vous entendiez ça pour la première fois de votre vie à l’âge de onze ans ? Celui que j’avais quand mon grand frère a rapporté chez nous, en import anglais, au carton bien plus épais que les éditions françaises, le premier album de Black Sabbath ? Qui venait de sortir, au début de l’année 1970. Un titre qui s’appelait, lui aussi, « Black Sabbath » et par lequel j’ai choisi de démarrer l’émission de ce soir. Afin de rendre hommage à celui qui nous a quittés voici déjà un mois, Ozzy Osbourne, le chanteur de ce groupe qui ne ressemblait à aucun autre. « Sans Black Sabbath, il n’y aurait jamais eu de Metallica. » C’est ce qu’a déclaré Lars Ulrich, le batteur du célèbre groupe de metal californien. Et Kurt Cobain, lors d’une de ses premières interviews, avait décrit la musique de Nirvana, comme un croisement entre les Beatles et Black Sabbath.

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Je reviens à cette pochette du premier album, que j’avais donc découvert à sa sortie, une photo aux couleurs saturées, c’était, je viens de l’apprendre en m’informant, une photo prise par le photographe Keith McMillan sur un film Kodak dit Aerochrome, soit une pellicule infrarouge unique qu’on utilisait pour les photos de reconnaissance aérienne. On voyait une femme mystérieuse, vêtue d’une cape noire, au visage blême, à l’expression hagarde, plantée au bord d’un décor d’aube ou de crépuscule. Un sombre étang au bord d’un moulin à eau abandonné. Le nom inscrit sur la pochette : Black Sabbath. Sabbat noir. Qui étaient-ils ? D’où venaient-ils ? À quoi ressemblaient-ils ? Impossible d’en avoir la moindre idée. En ce temps-là, les visages des musiciens restaient souvent invisibles. Quand j’ouvrais cette pochette dont la vision m’impressionnait, il y avait, sur un fond noir uniforme, une croix renversée. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Mais, c’est drôle, le plus impressionnant pour moi, c’était la rondelle du vinyle qui tournait sur la platine : un motif en spirale noir et blanc, à la Vasarely, qui créait un effet d’optique, le sigle de la marque de disques Vertigo, comme Vertige. Je le fixais, comme hypnotisé, pendant que j’écoutais le premier titre de l’album, signé Black Sabbath, un titre qui s’appelait lui aussi Black Sabbath.

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Le début, vous l’avez entendu, était comme celui d’un film : le son d’un clocher perdu dans le lointain, un puissant coup de tonnerre et la pluie qui se met à tomber mollement puis de façon de plus en plus drue. J’imaginais que je m’étais perdu près de l’étang de la pochette, que la sorcière plantée allait m’entraîner dans cette ruine maléfique et que ça allait être atroce. Inutile de vous dire que là où j’habitais, à l’âge de onze ans, je n’avais jamais entendu parler de hard rock et encore moins de heavy metal. Je connaissais les Beatles, les Stones, Bob Dylan et d’autres, mais enfin, mon décor sonore, c’était Brassens et à la télévision, Hugues Aufray, voire les Compagnons de la chanson et Sacha Distel. Vous imaginez la violence du contraste. Alors, ce soir, je vais me concentrer sur ce que je considère, et je ne suis pas le seul, l’âge d’or de Black Sabbath, soit les six premiers albums du groupe, avec Ozzy Osbourne, parus entre 1970 et 1975. Alors ça, forcément, vous connaissez.

Pour en savoir plus, écoutez l’émission…

Playlist :

Black Sabbath :

  • « Black Sabbath » album « Black Sabbath – 2009 Remaster »
  • « Paranoid » album « Paranoid – 2012 Remaster »
  • « Jack the Stripper/ Fairies Wear Boots » album « Paranoid – 2012 Remaster »
  • « Children of the Grave » album « Master of Reality – 2009 Remaster »
  • « Sweet Leaf » album « Master of Reality – 2009 Remaster »
  • « Supernaut » album « Vol. 4 – 2009 Remaster »
  • « Snowblind » album « Vol. 4 – 2009 Remaster »
  • « Symptom of the Universe » album « Sabotage – 2021 Remaster »