Au moins 2.000 enfants dorment à la rue en France faute de places d’hébergement d’urgence disponibles, selon un baromètre publié jeudi 28 août par Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité. Ce chiffre est en forte hausse depuis plusieurs années.

« Chaque année, nous constatons avec indignation qu’un nombre croissant d’enfants dorment dans la rue, exposés à des conditions de vie indignes et à des dangers quotidiens », déplore Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France. « Ce qui fait cruellement défaut aujourd’hui, ce ne sont ni les ressources, ni l’expertise mais bien une volonté politique ferme de mettre fin à l’inacceptable », ajoute-t-elle.

Au moins 2.159 enfants, dont 503 de moins de trois ans, sont restés dans la nuit du 18 au 19 août sans solution d’hébergement à la suite de l’appel de leurs parents au 115, le numéro d’urgence pour les personnes sans abri.

Une augmentation de 30 % depuis 2022

Le nombre d’enfants sans abri a progressé de 6 % par rapport à l’an dernier et de 30 % par rapport à 2022. Ils sont présents partout en France, en particulier en Île-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie. Une situation qui s’explique par la saturation des dispositifs d’hébergement d’urgence, combinée à une crise du logement, selon les associations. En 2024, 855 personnes sont mortes à la rue. Parmi elles se trouvaient 31 enfants, alertent les associations.

« Très alarmantes », les données du baromètre sont toutefois sous évaluées, pointent Unicef France et la FAS : elles n’incluent pas les familles qui ont renoncé à joindre le 115, ni celles qui vivent en squats ou dans les bidonvilles. Les mineurs non accompagnés ne sont pas non plus comptabilisés. « C’est une situation dramatique et inacceptable, le sans-abrisme n’est pas une fatalité, des solutions existent », souligne Nathalie Latour, directrice générale de la FAS. Elle évoque notamment des investissements à réaliser dans le logement social et l’hébergement d’urgence.

En Centre-Val de Loire, « au moins 69 enfants, dont 7 de moins de 3 ans » restent sans solution d’hébergement « après un appel au 115 » alors que la rentrée scolaire a lieu dans moins d’une semaine, indiquent les deux associations dans un communiqué.

« Carence fautive » de l’État

Un rapport publié en juillet par trois inspections générales estime que le programme d’hébergement d’urgence de la France souffre d’une sous-budgétisation chronique et d’un déficit de pilotage qui ne lui permettent pas en l’état de répondre à l’ensemble des demandes. En 2024, ce programme a représenté 2,3 milliards d’euros pour 203.000 places en structure d’hébergement généraliste. Un nombre stabilisé depuis 2021.

Les associations réclament la création de 10.000 places supplémentaires, dont un millier pour les femmes enceintes ou sortant de la maternité. En février, une vingtaine d’entre elles ont déposé deux recours en justice contre l’État pour « carence fautive » dans la lutte contre le mal-logement.