Depuis cinq ans, un projet de statue érigée en hommage à Robert Herbin et Roger Rocher devant le stade Geoffroy Guichard, est dans les tuyaux… Prévu pour 2023, il peine visiblement à voir le jour. Les collectivités, comme le club, assurent pourtant être partants pour concrétiser ce projet. Alors, pourquoi ce statu quo sur la statue ?

« Promesse tenue, une statue à l’effigie de Robert Herbin, et de l’ancien président de l’ASSE, Roger Rocher, qui en a été le président pendant 20 ans, sera érigée en 2023 », annonçait Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne et, à l’époque, président pas encore en retrait de Saint-Etienne Métropole, le 27 avril 2022 sur son compte Facebook. Deux ans après le décès de l’entraîneur emblématique de l’AS Saint-Etienne, le projet était donc sur le point de se concrétiser.

Dans son annonce, l’édile poursuivait : « C’est Laurent Mallamaci, sculpteur du musée Grévin, qui a réalisé le buste en bronze de Charles De Gaulle, installé dans le hall d’honneur de la Mairie de Saint-Etienne, qui réalisera cette double sculpture. Elle sera financée par l’ASSE, le conseil départemental, et Saint-Etienne Métropole. Elle sera inaugurée pour les 90 ans de l’AS Saint-Etienne, en juin 2023, sur le parvis de Geoffroy Guichard ». Et depuis ? Et bien toujours pas de statue.

Le temps de statuer

Au mois de mai dernier, la rédaction de If Saint-Etienne avait souhaité relancer le sujet, sans grand succès à l’époque. Côté ASSE, on nous répondait que « c’est Saint-Etienne Métropole qui est référente car le stade lui appartient et l’implantation de mobilier sur la voie publique est son sujet ».

Côté Métropole, on déclarait que le club avait souhaité que ce soit l’association du Musée des verts qui porte le projet, et qu’il fallait donc désormais se tourner vers eux. Association dont la communication dépend de l’ASSE… bref, de quoi tourner en rond et, face à une actualité chargée et aux aléas d’une petite rédaction, nous avions renoncé à en savoir plus. Mais, il y a un peu plus d’une semaine, lors de la conférence de presse des Socios Verts annonçant leur décision d’entrer au capital de l’ASSE, le sujet a été remis sur la table.

A jamais les premiers

En effet, l’association a fait part de sa volonté de co-financer le projet. Mais avant cela, elle doit d’abord réunir les 150 000 euros nécessaires à son entrée au capital du club. De plus, cette part ne représentera que 0,1 % du capital total… lui conférant un rôle davantage symbolique que décisionnaire. Rien ne pourra se concrétiser sans la Métropole, propriétaire du stade, et son locataire, l’AS Saint-Etienne.

Mais pourquoi un projet qui, visiblement, met tout le monde d’accord, peine-t-il à se concrétiser ? Est-ce son coût qui freine les parties prenantes ? Difficile à imaginer lorsque l’on sait que la statue de Bernard Tapie, inaugurée au printemps devant le stade Vélodrome a coûté 250 000 euros. Baptisée « A jamais les premiers », elle a été concrétisée en seulement deux ans. Haute de 4,5 mètres de haut, l’œuvre occupe 12 mètres carrés de surface, et rassemble d’autres figures emblématiques de la finale de 1993, comme Eric Di Méco, Marcel Desailly, Basile Boli ou encore Didier Deschamps.

A priori, celle envisagée à Saint-Etienne serait plus modeste, et en conséquence, moins chère. En 2023, nos confrères de Ici Saint-Etienne Loire évoquaient un devis compris entre 200 000 et 250 000 euros. Divisée entre le Département, Métropole, le Club, et éventuellement, les Socios Verts, la somme n’a pourtant pas de quoi faire chavirer un budget.

Relégation

Il faut dire qu’un mois après le post de Gaël Perdriau, l’ASSE se trouve reléguée en Ligue 2, activant probablement le processus de vente du club. A l’époque, sa situation financière se dégrade. On peut imaginer que la réalisation de la statue ait pu être reléguée au second plan. D’autant plus avec l’arrivée, en 2024, d’une nouvelle direction qui n’était pas à la genèse du projet.

Autre facteur dont il faut tenir compte, 2022 marque une année de transition post Covid, durant laquelle de nombreux événements sont encore annulés, ou reportés, ce qui laisse planer beaucoup d’incertitude ce qui pourra être maintenu ou non. Enfin, à la fin du mois d’août 2022, Mediapart dévoilait l’affaire de chantage à la sextape à la mairie de Saint-Etienne… A la suite de cela, les priorités ont, là aussi, probablement changées côté Ville et Métropole, et l’édile devenir persona non grata ?

Pas pour demain

A l’ASSE, on rappelle aussi que l’emplacement de la statue a pu faire débat dans les derniers échanges entre les parties portant le projet. Certains ne l’imaginent pas ailleurs que sur le parvis du stade, quand d’autres craignent que l’œuvre soit rapidement dégradée si elle devait être accessible à tous.

En attendant, les Socios Verts, qui aimeraient voir le projet se concrétiser, déclarent « échanger avec la municipalité en place et les potentiels futurs candidats » aux municipales, comme nous le déclare Julien Béal, vice-président de l’association. Des démarches réalisées sous couvert de validation du projet et de son budget par l’Assemblée générale de l’association de supporters, mais surtout des autres financeurs. Pour lui, « il va falloir attendre que les élections municipales passent ».

Pour l’instant, c’est donc le statu quo sur le parvis du stade… au moins jusqu’en mars, et probablement bien après s’il fallait reprendre les démarches à zéro.