Loïc Bénétière et François Ceysson ont ouvert leur première galerie à Saint-Étienne en 2006. En près de vingt ans, ils ont franchi les échelons pour s’imposer peu à peu au niveau international.
Après le Luxembourg en 2008, Paris en 2009, Genève en 2012 et New York en 2017, la galerie Ceysson et Bénétière vient d’ouvrir un nouvel espace, son neuvième, à Tokyo.
Les 320 m2, au huitième étage d’une tour flambant neuve de Ginza, quartier prisé de la capitale nippone, sont une nouvelle étape importante pour les Stéphanois. Pour l’inauguration, en mai, plus de 300 personnes sont venues.
« Tokyo mettait des étoiles dans les yeux »
« Nous avons eu très bonne presse au Japon. Depuis, nous avons 30 à 50 personnes qui passent chaque jour. En Asie, les gens adorent la nouveauté. Maintenant, le défi va être de durer », confie François Ceysson.
La volonté de s’installer en Asie remonte à un peu plus de deux ans : « On ne pouvait plus ignorer la scène artistique asiatique. Le choix du Japon s’est fait naturellement entre la Chine ou la Corée du Sud. En échangeant avec l’équipe, c’est Tokyo qui mettait des étoiles dans les yeux. »
Une équipe qui aura des accents ligériens puisque la directrice de la galerie japonaise est Leslie You, également originaire de Saint-Étienne.
« 80 % de notre travail est de trouver des œuvres d’artistes importants »
L’ascension continue pour les deux Ligériens qui ajoutent une nouvelle corde à leur arc. Cette galerie, leur première sur le continent asiatique, a un double objectif, comme l’explique Loïc Bénétière : « Plus de 80 % de notre travail est de trouver des œuvres d’artistes importants pour proposer aux collectionneurs. Des artistes vont nous confier des œuvres spéciales parce que ça les intéresse d’exposer au Japon. Des artistes importants comme Bernar Venet ont immédiatement été séduits par Tokyo. Et, en parallèle, cela va nous permettre de faire un travail de fond sur la scène japonaise que l’on montrera peut-être à l’avenir en Europe et pourquoi pas à Saint-Étienne. »
Être implanté sur un territoire ouvre forcément des portes. « Exposer dans notre galerie à New York nous a permis la vente d’œuvres de nos artistes à de grands musées américains. On espère que c’est le genre de trophées que l’on ramènera de Tokyo », ajoute François Ceysson.
« Le paradoxe Saint-Étienne, une des galeries où l’on vend le mieux »
Dans la liste des villes où se trouve une galerie Ceysson et Bénétière, la surprise vient plutôt de Saint-Étienne avec leur immense espace de 1 200 m2 : « Les pôles du marché de l’art suivent de près les pôles économiques. Généralement, il n’y a pas de miracle, ils se trouvent dans les grandes villes : Paris, Londres, New York, Singapour… On est un peu obligé de s’installer dans ces pôles mais il y a un paradoxe avec Saint-Étienne car c’est une des galeries où l’on vend le mieux avec des collectionneurs fidèles venant de la Loire et du Rhône. On a eu la chance de grandir dans cette ville, avec le musée d’Art moderne et d’y avoir une galerie », détaille François Ceysson.
« Notre siège et nos équipes sont ici (N.D.L.R. Au total, la galerie compte autour de 30 salariés). En cas de problème, la dernière à fermer, ce serait celle-ci », ajoute Loïc Bénétière.
Le site stéphanois leur permet de réussir un autre tour de force : « Régulièrement, on arrive à faire faire un détour par Saint-Étienne à des collectionneurs étrangers, des Américains notamment, en voyage en France. » Peut-être que bientôt, des Japonais viendront découvrir la Loire.