L’Eurométropole et les délégataires choisis pour créer un nouveau réseau de chaleur dans les communes du nord de l’agglomération présentaient leur projet mardi. Il comporte plusieurs nouveautés dont une centrale solaire thermique, avec un même but : parvenir aux 100% d’énergie renouvelable ou récupérée.
« C’est une étape majeure de notre transition énergétique », a déclaré la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, soulignant que pour la première fois, l’Eurométropole faisait franchir les portes de Strasbourg aux réseaux de chaleur publics. Et de rappeler les ambitions du plan Climat : « Couvrir 100% des besoins énergétiques à l’horizon 2050 avec des sources renouvelables et décarbonées. » Avec, pour les usagers, un prix raisonnable et stable.
Le 27 juin dernier, les conseillers métropolitains votaient à l’unanimité la délégation de service public confiée à R-CUA (Réseaux de chaleur urbains d’Alsace) – dont l’actionnariat unit Gaz de Strasbourg et la coopérative suisse Priméo Energie -, associé à la Banque des territoires. Baptisé Eden (pour Energies décarbonées Eurométropole nord), ce nouveau réseau concerne Schiltigheim, Bischheim, Hoenheim, Mundolsheim et Souffelweyersheim. Il entrera progressivement en service à l’automne 2026 pour délivrer près de 110 GWh par an en 2031 à l’équivalent de 11 000 logements, avec un taux d’énergie renouvelable et de récupération de 90%.
Mundolsheim et Souffelweyersheim, n’ayant pas la densité des communes de la première couronne, bénéficieront de leur propre réseau. « Cela va nous permettre d’expérimenter des solutions de réseaux de chaleur pour des communes de deuxième couronne », a expliqué Marc Hoffsess, conseiller métropolitain délégué en charge de la transition énergétique. Elles seront alimentées par diverses installations, telles que pompes à chaleur, panneaux solaires ou chaudières à pellets.
Champ solaire
Autre innovation, un parc solaire thermique sera associé à un réseau de chaleur urbaine. « Nos modèles ont été danois et finlandais », indique l’adjoint pour évoquer les 2650 panneaux solaires thermiques couplés à un ballon de stockage de 7000 m3 qui seront installés à Bischheim. Avec une puissance de 16,5 GWh, ce champ solaire contribuera pour 15% au mix énergétique. C’est toutefois la chaleur «fatale » (perdue) générée par les industriels du port autonome qui apportera le plus de kilowatts (40%), suivie par celle de l’incinération des boues de la station d’épuration de La Wantzenau (35%) où avait lieu la présentation, le gaz ne venant jouer l’intérimaire que pour 10%.
Le coût du projet se monte à 89 millions d’euros, dont 47 à la charge du délégataire. Les subventions, notamment de l’Ademe, s’élèvent à 41 millions. « La prochaine étape, c’est les communes du sud », a conclu Marc Hoffsess. L’Eurométropole ambitionne de développer les réseaux de chaleur publics jusqu’à 80 000 équivalents logements en 2030 contre un peu moins de 45 000 actuellement.
Gilbert Reilhac
Photos Philippe Stirnweiss