Il sera la curiosité, l’attraction de l’UFC Paris, le 6 septembre prochain. Alors qu’on pensait la carte bouclée avec les présences notamment de Nassourdine Imavov, Benoît Saint Denis ou Farès Ziam, Axel Sola est venu se rajouter dans la liste des combattants français à l’UFC.

Face au Nord-Irlandais Rhys McKee, le Niçois, champion d’Europe amateur et désormais ex-champion de l’ARES (10 victoires, 0 défaite, 1 nul), devra prouver qu’il a sa place parmi les grands. Un défi à sa hauteur.

Cette signature dans la plus grande ligue du monde est-elle un aboutissement dans votre carrière ?

AXEL SOLA. Non, pas du tout, c’est une étape de passée dans mon chemin dans ce sport. C’est l’occasion pour moi de, peut-être, toucher du doigt mon rêve, à savoir performer au plus haut niveau de ce sport. Ce n’était pas possible en n’étant pas à l’UFC. Maintenant, j’y suis donc il faut que les performances suivent.

Quand avez-vous appris que vous seriez sur la carte de l’UFC Paris dans quelques jours ?

On m’a dit que ça chauffait samedi, Aldric (Cassata, son entraîneur) m’a dit qu’un contrat devait arriver. Il n’est pas arrivé samedi, dimanche non plus, lundi non plus… Lundi soir, à travers un média alternatif sur Instagram qui a partagé la photo du contrat qui allait être envoyé, j’ai su que ça allait être bon. Je n’ai pas dormi de la nuit et, mardi matin, j’ai filé au Boxing Squad (sa salle d’entraînement) pour signer.

Votre préparation sera courte et le combat dans une catégorie supérieure à la vôtre, est-ce problématique ?

Vous savez, si quelqu’un m’agresse dans la rue demain, je ne vais pas avoir le temps de m’échauffer. Il faut être prêt à toute éventualité. Je me suis entraîné tout l’été dans l’hypothèse où il y aurait un blessé que j’aurais pu remplacer donc j’ai fait mes entraînements, mes réflexes sont aiguisés. La catégorie de poids, ça change un peu. En -70 kg, j’ai un avantage physique que je n’ai pas en -77 kg. Je vais moins pouvoir utiliser mon physique, mais j’ai d’autres cordes à mon arc.

« J’ai eu envie de faire un sport où la réussite ou l’échec ne dépendaient que de mon travail. »

Était-ce un rêve d’enfant ? Y pensiez-vous déjà quand vous avez commencé le MMA ?

Bien sûr ! Quand j’ai commencé le MMA, je regardais l’UFC sur W9 à l’époque, et ça me faisait déjà rêver. J’avais 15 ans, j’aimais bien les sports de combat mais je faisais un peu de karaté par défaut. Je n’étais pas très épanoui là-dedans. Quand j’ai commencé le MMA, j’ai eu l’impression d’être à Disneyland tellement il y avait de possibilités, de moyens de s’exprimer et de combattre. Et je me suis rapidement mis des objectifs très élevés.

Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir cette discipline ?

Je faisais aussi du hockey (sur glace) en compétition à ce moment-là, j’étais dans une très bonne équipe. Mais quand j’ai terminé ma 3e, j’ai eu envie de faire un sport où la réussite ou l’échec ne dépendaient que de mon travail. J’aimais bien le sambo parce qu’il y avait des clés de genoux mais je n’y connaissais rien. Mon oncle, qui connaissait Aldric Cassata, m’a amené au Boxing Squad qui venait juste d’ouvrir et j’y suis resté.

On sent dans vos interviews et vos combats que vous intellectualisez beaucoup votre pratique. D’où cela vient-il ?

Je pense que c’est de l’ordre du caractère, j’ai besoin de comprendre les choses pour les faire. J’ai du mal à me contenter de : c’est comme ça et pas autrement. Ce n’est pas absolument nécessaire d’être dans cette optique-là pour bien faire les choses, mais l’objectif c’est d’atteindre le plus haut niveau possible dans un laps de temps donné. Et il ne s’agit pas que de passer des heures et des heures sur un tatami, ce n’est pas un jeu vidéo. La qualité du contenu doit être adaptée à l’athlète et avec moi, il faut que ce soit réfléchi et expliqué.

Vous êtes titulaire d’un Master en Staps. Qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre pratique ?

Ça m’a permis de réfléchir sur ce qu’est la performance, le développement physique, la réhabilitation et, de manière générale, comment on apporte un regard scientifique à une activité liée au sport ou au corps. Je m’y suis beaucoup plu, je trouve que ça va bien ensemble. Dans le MMA, il y a de plus en plus cette approche scientifique. L’équipe Fighting Nerds par exemple, au Brésil, ils ont des « data scientists ». C’est quelque chose qu’on retrouve beaucoup en football, ce sont des scientifiques qui décomposent l’adversaire pour établir des stratégies. Cela se développe beaucoup.

« Je me consacre à la musique pour sortir un peu de cette logique de duel. Ça m’apaise, ça m’évade. »

Chez vous, en quoi consiste cette intellectualisation au quotidien ?

Ce qui est difficile, c’est que je suis athlète, je ne suis pas entraîneur. Si j’étais payé pour gérer l’entraînement de quelqu’un, le travail serait bien mieux fait parce que mon quotidien serait dédié à ça. Mais on ne peut pas être au moulin et à la charrue en même temps donc je suis obligé de bâcler certaines choses. Récemment, par exemple, la gestion du poids prenait trop de place dans ma tête, ça m’empêchait de me concentrer sur l’essentiel. J’ai trouvé quelqu’un pour m’aider à gérer ce poids et c’est une grande décharge mentale.

Vous jouez également du piano et de la guitare. En quoi est-ce bénéfique ?

J’ai besoin d’avoir une stimulation cognitive qui me sort du combat. J’aimais beaucoup les échecs aussi, je jouais beaucoup avec mon grand-père et j’avais envie d’être performant. Sauf que le problème, c’est que c’est un combat aussi, un affrontement. Donc j’ai préféré me concentrer sur la musique pour sortir un peu de cette logique de duel. Ça m’apaise, ça m’évade.

On dit souvent que vous êtes un « intello du MMA », notamment à cause de votre façon de parler, cela vous plaît ?

Ce qui me plaît, c’est qu’on ait une bonne image de moi parce que j’ai des valeurs positives à renvoyer aux gens. Mais c’est vrai que quand la caméra s’allume, je parle comme si je faisais un exposé à la fac. Je ne fais pas exprès, mais on a fait tellement de prises de parole dans le cadre de nos travaux que je me mets un peu dans ce même mode quand je parle devant des gens. C’est inconscient (rires).