Menacé d’être chassé de Matignon après un vote de confiance sur son gouvernement, le 8 septembre, François Bayrou a déploré mercredi le « confort des boomers » face à l’inaction de « certains partis politiques » devant la dette publique française. Sur la sellette, le gouvernement souhaite réaliser 44 milliards d’euros d’économie dans le budget 2026.

Invité du JT de TF1, le Premier ministre a estimé, mercredi soir, que « les premières victimes » du dérapage des finances publiques, « ce seront les plus jeunes des Français, qui devront payer la dette pendant toute leur vie ». Et ça, insiste le Premier ministre, c’est pour « le confort des boomers, qui […] considèrent que tout va très bien ».

« Vous connaissez les conditions de vie qu’on avait ? »

Une petite phrase qui a, rarement, engendré autant de réactions dans l’appel à témoignages lancé par 20 Minutes jeudi matin. Pas moins de 416 contributions étaient enregistrées en ce milieu d’après-midi.

En triant les témoignages, parfois les indignations, trois grandes thématiques se dessinent. Celle, tout d’abord, de l’ignorance, voire du refus, par le Premier ministre, de reconnaître les sacrifices de la génération du « baby-boom », nés entre 1946 et 1964.

« Les boomers avaient trois semaines de congés payés et (travaillaient) 48 heures par semaine. Ils cotisaient, ils n’ont volé personne », résume Didier. « Vous connaissez les conditions de vie qu’on avait ? interroge Aline. Avec un handicap à 80 %, j’ai cotisé 36 ans, et on ne m’a pas fait de cadeau ». Selon de nombreux internautes, la génération du « baby-boom » n’a pas à essuyer les reproches du Premier ministre. Ils estiment avoir fait leur part : ils ont parfois commencé leur vie professionnelle très jeune, à 14 ans pour Jean et Gérard, et n’ont pas, ou très peu reçu d’aide publique. « Les boomers sont une cible facile, décrète Erick, puisqu’ils ne peuvent pas bloquer le pays, contrairement à la SNCF et autres affiliés ».

« La gouvernance à la française est obsolète »

Ensuite, de nombreux témoignages d’internautes jugent la conduite de la France depuis des décennies, et évaluent la responsabilité du personnel politique dans la crise du pays. « C’est les politiques qui ont mal géré l’argent public pendant des décennies et qui ont mis la France en faillite », estime Nicole. « La gouvernance à la française est obsolète, surannée, inefficace et contreproductive, parce que d’un autre temps », abonde Juan Antonio.

« La politique de l’offre des gouvernements successifs a fait perdre l’argent des Français », renchérit Christian, qui déplore par ailleurs les délocalisations d’entreprises « pour accroître les dividendes des actionnaires, et diminuer la croissance et les rentrées fiscales ».

La personne du Premier ministre est enfin visée par de nombreuses critiques. « Monsieur Bayrou devrait humblement prendre sa part sur la responsabilité de la dette, lui qui avait en son temps refusé la diminution du nombre de fonctionnaires proposé par Nicolas Sarkozy », écrit Patrice.

« L’égoïsme ambiant dresse les générations les unes contre les autres »

Le conflit entre les « baby boomers » et les plus jeunes sera-t-il amplifié par les déclarations de François Bayrou ? Plusieurs répondants à notre appel tranchent : « Mis à part les boomers de bas revenu, qui ne représentent qu’une petite partie, le reste de cette tranche d’âge profite bien. Bayrou a raison », estime Marc.

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« Quand on a voté pour la retraite à 60 ans et les 35 heures, on a une part de responsabilité dans la dette un peu plus importante qu’un jeune de 30 ans », ajoute Jules, pour qui « le conflit intergénérationnel monte, et les perdants seront les jeunes et les plus pauvres ».

« J’ai 62 ans, et je suis un boomer encore actif, écrit Véronique. Je déplore cette nouvelle tentative de fragmentation de l’opinion en opposant les seniors et les jeunes ». Quant à Marielle, elle « regrette profondément que l’égoïsme ambiant dresse les générations les unes contre les autres à l’heure où la solidarité devrait régner ». « Monsieur Bayrou, ne vous trompez pas de cible, avertit David. Et n’essayez pas de diviser un peu plus les Français, la fracture est déjà suffisamment installée. Vous qui parlez régulièrement de cohésion, il va falloir nous en expliquer votre vision ».