« Un ministre qui passe par Saint-Etienne, cela faisait un moment que l’on n’avait pas vu ça », s’amusaient un certain nombre d’élus présents lors de la visite de Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, au sein de l’entreprise Verney-Carron à Saint-Etienne.
Une fois cette boutade faite, et le salut républicain du ministre aux élus terminé, Arnaud Van Robais, le président du groupe Rivolier, passait directement à la présentation du groupe et à la reprise des activités de Verney-Carron.
« Verney-Carron est une institution en France »
En effet, le 4 juin dernier, le tribunal de commerce tranchait dans les différentes offres de reprise de la société Verney-Carron défaillante. « Après une rude bataille nous avons devancé le Belge FN Browning » disait le dirigeant. « C’est une grande fierté pour nous. Verney-Carron est une institution en France. Nous reprenons toute sa production et développerons des dérivés pour créer un univers », précisait le président.
Arnaud Van Robais rappelait : « Nous sommes le dernier fabricant d’armes français. Avec la création de la Nouvelle manufacture Verney-Carron, nous avons repris 55 salariés sur 67. Aujourd’hui nous avons une capacité de 7 000 à 10 000 armes par an à Saint-Etienne. Pour l’instant nous n’en produisons que 3 000. Il faut remettre les choses en route. La reprise a été longue et l’entreprise a perdu son élan ».
Rivolier, un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros
Verney-Carron affichait une dette importante. « Certains partenaires croient en notre projet et nous suivent » ajoutait-il. « D’autres, et je peux le comprendre, ne veulent pas ». Petite anecdote : « Le banc national d’épreuves des armes de Saint-Etienne, géré par la Chambre de commerce et d’industrie Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne, a refusé de contrôler nos armes ». Irène Breuil, présidente de la CCI, expliquait : « Un simple contretemps qui n’a pas duré et qui, effectivement, était dû à un problème financier, la dette de l’entreprise ».
Le ministre faisait ensuite le tour des ateliers de fabrication des « armes de chasse, de défense et de sécurité, de tir sportif… Le groupe Rivolier compte 351 collaborateurs, dont 138 dans la Loire (dont 11 apprentis) et 158 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (Haute-Loire, Rhône, Ain et Isère). Il est installé sur neuf sites en France et deux à l’international (États-Unis et Allemagne) et affiche un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros.
« L’entreprise incarne le rebond industriel »
Les responsables de l’entreprise insistaient sur leur « besoin d’alternants au sein de l’entreprise. Nous en avons trois à quatre par an. Nous avons la chance de compter sur une école d’armurerie à Saint-Etienne, le reste des salariés sont formés en interne ». Le maire de Saint-Etienne interpellait alors le ministre : « Une école qui souhaite augmenter ses effectifs. Elle a les locaux pour et les entreprises sont demandeuses. On attend juste les autorisations ministérielles ».
La marque Verney-Carron collection propose des armes, pièces uniques, fabriquées à la main et sur-mesure pour l’acquéreur. « Des pièces sur lequel l’artisan travaille près d’un an et qui se vendent entre 15 000 à 20 000 euros ». Marc Ferracci saluait « cette entreprise exemplaire par sa longévité (elle est centenaire), par son savoir-faire. Une entreprise qui a su se réinventer. Elle incarne le rebond industriel ».
« La fabrication d’arme devient une nécessité »
Est-ce que l’État va passer des commandes à cette entreprise ? Le ministre enveloppe son discours : « L’État est toujours aux côtés des entreprises qui innovent. Nos forces de l’ordre, mais aussi les polices municipales via les collectivités, ont besoin de s’équiper. Il existe aussi un marché privé. Il faut aller dans cette diversité des cibles ».
Et de conclure : « Dans le contexte géopolitique actuel, la lucidité face à cette réalité est que la fabrication d’arme devient une nécessité. L’État s’est engagé dans cette voie avec la loi de programmation militaire ».