Ukraine, Israël, OTAN, commerce
Rarement les discours sur la grandeur de l’Europe, phare démocratique battu par la déferlante « populiste », ont été aussi exaltés. Et rarement l’Union européenne a essuyé autant de revers en matière de diplomatie, de stratégie et de commerce. Plus attachés au lien transatlantique qu’à l’intérêt des populations, les dirigeants du Vieux Continent multiplient les génuflexions devant M. Donald Trump.
Paco Pomet. – « That’s All Folks ! » (C’est fini les amis !), 2024
© ADAGP, Paris, 2025 – pacopomet.com
L’Union européenne a été promue comme un moyen de renforcer le Vieux Continent face aux grandes puissances, en particulier les États-Unis. Pourtant, au cours du quart de siècle qui a suivi le traité de Maastricht, l’inverse s’est produit : l’Europe se trouve aujourd’hui plus inféodée politiquement, économiquement et militairement à Washington, et donc plus faible et moins autonome. En matière de commerce, d’énergie, de défense ou de politique étrangère, les pays européens ont, ces dernières années, systématiquement agi contre leurs propres intérêts afin de coller aux priorités stratégiques américaines.
L’annonce le 27 juillet dernier d’un accord commercial entre l’Union et les États-Unis en vertu duquel les produits américains entreront librement en Europe, tandis que les exportations européennes vers l’Amérique acquitteront un droit de douane forfaitaire de 15 %, l’illustre jusqu’à la caricature. Cette reddition s’accompagne d’une promesse d’acheter pour 700 milliards d’euros d’hydrocarbures américains et d’investir 550 milliards d’euros outre-Atlantique. L’économiste grec Yánis Varoufákis y voit la version européenne du traité de Nankin de 1842. Premier d’une série de « traités inégaux » imposés à la Chine par les puissances occidentales, il accordait des concessions importantes au Royaume-Uni et marquait le début du « siècle d’humiliation ». Mais « contrairement à la Chine en 1842, l’Union européenne a choisi l’humiliation librement », plutôt qu’à la suite d’une défaite militaire écrasante, poursuit l’ancien ministre des finances.
Les images de Mme Ursula von der Leyen se déplaçant sur le terrain de golf écossais de M. Trump, le 27 juillet, pour entendre le président américain fulminer contre les éoliennes, puis annoncer des mesures commerciales punitives, contrastent avec l’accueil spectaculaire réservé à M. Vladimir Poutine à Anchorage quelques semaines plus tard. Cette scène déconcerte d’autant plus que l’Europe avait de sérieux atouts à jouer dans un bras de fer transatlantique.
La volonté (…)
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