Par
Nicolas Zaugra
Publié le
18 avr. 2025 à 6h32
« Je n’investirai plus dans des villes écologistes » : la sortie récente du PDG du groupe français Safran Olivier Andriès, géant de l’aéronautique, provoque de vives tensions politiques. En s’en prenant aux élus écologistes, le grand patron donne aussi un argument aux opposants à la Métropole de Lyon. Les élus de droite du Grand Lyon en profitent pour tacler la « décroissance » portée par les écologistes et accusent Bruno Bernard, le président de la Métropole, d’être responsable d’un projet d’usine de Safran qui ne se fera pas dans la métropole. Sa réponse n’a pas tardé…
« De la démagogie dans toute sa splendeur »
« La démagogie, dans toute sa splendeur. Soit, vous mentez, soit vous ne suivez pas les conseils métropolitains auxquels vous assistez, car concernant la Métropole de Lyon. Le choix de non-implantation de Safran en 2023 (quasiment décidé il y a deux ans) n’est pas de notre fait. », écrit Bruno Bernard sur X.
Le président de la Métropole de Lyon répond directement à son opposant Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest et patron du groupe d’opposition de la droite et du centre.
« Car pour rappel, quand Safran souhaite s’implanter dans la Métropole de Lyon en 2019, la Région dirigée par votre parti (LR) menace même le projet en affirmant vouloir lui retirer les 4 millions d’euros prévus pour son implantation », tacle Bruno Bernard.
« De notre côté, la Métropole de Lyon, que ce soit sous la mandature de David Kimelfeld ou sous la mandature actuelle, a toujours accompagné Safran tout au long de ce processus. Soyons très clairs sur les faits : Safran a renoncé au site de Feyzin dès 2021 parce que la localisation choisie en 2019 n’était pas adaptée à son projet industriel ».
Votre tentative de récupération politique tombe donc complètement à côté des faits : non seulement la Métropole n’a pas provoqué le départ de Safran, mais en plus, elle a réagi immédiatement pour sécuriser l’avenir industriel du site concerné. Vos raccourcis politiques ne résistent donc pas une seconde à la confrontation avec la réalité. Et si jamais la mémoire vous manque, vous étiez présent le 25 septembre 2023 lors du Conseil Métropolitain où ces informations étaient communiquées.
Bruno Bernard, président écologiste de la Métropole de Lyon
Le projet d’usine de Safran dans l’Ain ?
Le projet d’usine de Safran à Feyzin sera en effet remplacé par un projet de village « éco-circulair », où 700 emplois doivent voir le jour d’ici 2026. Le conseil métropolitain a acté une nouvelle étape le 14 avril dernier. « Le site industriel prévu va produire jusqu’à 4 fois plus d’emplois » que le projet de Safran, défend d’ailleurs Bruno Bernard.
L’industriel pourrait finalement implanter son projet d’usine dans la plaine de l’Ain, dans le département voisin. Le patron de Safran explique qu’il est freiné par la hausse des prix de l’énergie ces dernières années.
L’opposition persiste et dénonce « la décroissance » écologiste
Pour Gilles Gascon, les critiques du parton de Safran montrent « l’aversion chronique des écologistes pour l’aéronautique et l’automobile. Je comprends que ça vous empêche de dormir », répond-il à Bruno Bernard.
La candidate LR à la Métropole, Véronique Sarselli, dénonce « une Métropole (qui) tourne le dos aux entreprises » qui « renonce à son attractivité ».
Le maire Les Républicains d’Écully, Sébastien Michel, regrette le « dogmatisme des écologistes qui freine le progrès et l’attractivité économique ». Gilles Gascon, le président du groupe d’opposition de la droite et du centre, fustige « des centaines d’emplois sacrifiés, des millions d’euros d’investissements envolés. »
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