Au tournant des années 90, le libéralisme économique et l’extension de la mondialisation ont en effet constitué l’horizon d’un monde sans frontières. On le voit en Europe avec la création au milieu des années 90 de l’Espace Schengen, cette vaste zone au sein de laquelle 450 millions d’habitants peuvent aujourd’hui circuler sans contrainte. Cette liberté, qui existait jusqu’alors pour la circulation des marchandises, devenait tangible pour les personnes, c’était inédit.
Mais depuis une vingtaine d’années, on voit effectivement le retour des frontières à travers le monde. Partout, des murs sont érigés. La bascule s’opère, selon moi, après les attentats du 11 septembre 2001. Pour la première fois, les Américains se rendent compte de leur fragilité, notamment face aux nouvelles menaces du terrorisme. Les différentes crises de ce début de siècle (économique, politique, migratoire…) ont renforcé la volonté d’imperméabilisation des frontières, en même temps que la remise en cause, entre États et au sein des États, de ces espaces. On le voit avec les conflits opposant le Cambodge et le Laos, l’Inde et le Pakistan ou ailleurs dans le monde (contentieux entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara occidental, ou la Serbie et le Kosovo…).
Parallèlement, les frontières, que l’on croyait un concept dépassé, ont également su montrer leurs vertus dans des contextes de menaces économiques ou sanitaires par exemple – on l’a bien vu à l’occasion de la crise du Covid-19.