La discrète famille Guinaudeau vient de prendre la lumière avec une décision radicale : sortir du champ des AOC son château Lafleur, un des fleurons de Pomerol (4,5 ha, plus de 1 000 euros la bouteille) pour intégrer celui des Vins de France, catégorie autrefois appelée Vin de Table, et aux normes de production bien plus souples.

“Nous prenons le réchauffement climatique de plein fouet”

« Avec ce millésime 2025, nous prenons le réchauffement climatique de plein fouet. Pour y remédier, nous mettons en place de multiples dispositifs techniques non compatibles avec le cahier des charges de l’AOC » indique Baptiste Guinaudeau, le propriétaire. Une décision mûrie depuis des années.

C’est par exemple la réduction de la hauteur de feuillage et l’irrigation des vignes, via un système d’injection d’eau directement au pied des ceps, et ce grâce à un captage sur place. Cela pourrait être demain moins de pieds plantés par ha, des paillages pour éviter l’évaporation d’eau des sols ou des dispositifs d’ombrage des parcelles.

Un défi pour tous

« Le réchauffement climatique est le plus important défi à relever par notre filière depuis la crise du phylloxéra. Je ne sors pas du système des AOC par esprit frondeur mais pour aller plus vite » complète celui qui ne croit pas du tout à l’introduction en Gironde de cépages plus méditerranéens pour s’adapter. « Nos clients comprennent notre démarche et je reçois nombre d’appels de collègues vignerons qui voudraient peut-être nous emboîter le pas ».

À noter que la propriété ne pourra plus utiliser le terme « château » sur l’étiquette et que le mot « pomerol » ne pourra pas non plus figurer au niveau de l’adresse postale, car cela pourrait induire en erreur le consommateur. C’est là les règles d’étiquetage strictes en vigueur en France.

La famille Guinaudeau appliquera cette stratégie dès ce millésime 2025, sur Lafleur mais également sur ses autres propriétés, notamment le château Grand Village (12 ha, AOC Bordeaux). « Le changement climatique est sous nos yeux et l’enjeu sera toujours de faire de très grands vins » conclut le propriétaire.