RIDEAU – A Paris, le quartier de Château d’Eau, haut lieu de la coiffure afro, doit fermer ses commerces à 20h depuis décembre, sur décision préfectorale. Les professionnels dénoncent une « énorme baisse du chiffre d’affaires »
Le soir venu, les salons de coiffure du quartier de Château d’Eau à Paris s’illuminaient autrefois de conversations très animées, de musique et de ciseaux en action. Désormais, c’est rideau à 20 heures. Depuis décembre, un arrêté préfectoral impose aux commerces du quartier du Xe arrondissement de fermer plus tôt, au grand désarroi des coiffeurs afro pour qui la soirée représentait le moment le plus lucratif de la journée.
Derrière les vitrines chargées de perruques et cosmétiques, le constat est amer. « On n’a plus de clients, tout le monde a fui », soupire Salimatou, employée depuis 15 ans dans un salon emblématique. Elle décrit une « énorme baisse du chiffre d’affaires » qui empêche de « payer les loyers ».
Les habitants applaudissent l’arrêté
Même alerte chez Christian Sidibé, patron d’un établissement depuis dix ans, qui estime perdre « entre 8.000 et 10.000 euros par an ». Avec 26 confrères, il a saisi la justice pour contester la mesure, sans succès. Leur avocat, Me Bernard Solitude, dénonce « une stratégie d’étouffement » : « Les commerçants paient pour des exactions commises par d’autres. »
Du côté des riverains, le ton est tout autre. Delphine Martin, installée boulevard de Strasbourg depuis plus de vingt ans, décrit un quotidien marqué par « la musique, les cris, les éclats de voix » et des « nuisances olfactives » liées aux produits de coiffure. Pour elle, la fermeture anticipée constitue un « grand progrès ». André Furcy, vice-président d’une association locale(…)
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