Contrairement aux prédictions largement répandues, l’économie américaine a défié les attentes de ralentissement des droits de douane et de l’inflation, une résilience qui remet en question les idées reçues, selon Michael Martin, vice-président de la stratégie de marché de TradingBlock, même s’il met en garde contre la position budgétaire précaire du Royaume-Uni.
Martin a partagé son point de vue sur l’état actuel de l’économie mondiale dans une interview avec Invezz. Fort d’une vaste expérience des marchés financiers, Martin a apporté une perspective nuancée sur les défis et les opportunités qui l’attendent.
Son analyse est particulièrement pertinente alors que les économies du monde entier sont aux prises avec des dynamiques changeantes et des incertitudes.
La résilience de l’économie américaine
Martin a abordé les complexités de l’économie mondiale, en particulier à la lumière des récents changements dans la performance économique des États-Unis.
« L’économie mondiale est aujourd’hui extrêmement complexe et de plus en plus précaire », a-t-il déclaré.
Il a souligné qu’une grande partie du paysage économique actuel dépend des décisions politiques américaines, qui peuvent changer rapidement.
Malgré les prédictions généralisées de ralentissements économiques dus aux tarifs douaniers et à l’inflation, M. Martin a noté que l’économie américaine a fait preuve de résilience.
« Presque tout le monde s’est trompé », a-t-il remarqué, soulignant que les impacts négatifs attendus des droits de douane sur la croissance américaine ne se sont pas matérialisés comme prévu.
L’inflation est également restée inférieure à ce que prévoyaient de nombreux prévisionnistes. Cependant, il a averti que cette résilience n’annule pas la réalité de la surévaluation des entreprises américaines.
Martin a exprimé son scepticisme quant à la tendance actuelle à diversifier les investissements en dehors des États-Unis vers l’Europe et la Chine.
Il a ajouté :
Les actions européennes sont sous-évaluées, mais il est illusoire de supposer qu’elles vont grimper simplement parce que les valorisations américaines sont élevées.
Il a souligné les défis de longue date auxquels l’Europe est confrontée, notamment la surréglementation, qui continue d’entraver son potentiel économique.
Risques et opportunités à venir
Pour l’avenir, M. Martin a cerné les principaux risques et occasions qui pourraient façonner le paysage macroéconomique au cours des 12 à 18 prochains mois.
Il a souligné que les tarifs douaniers étaient un facteur de risque important, déclarant : « Aux États-Unis, les tarifs douaniers sont égaux à l’inflation. »
Bien que l’inflation n’ait pas encore grimpé, il a averti que cela pourrait changer, entraînant des taux d’intérêt élevés persistants et un ralentissement de la croissance économique.
En dehors des États-Unis, M. Martin a noté que l’Europe est aux prises avec des fardeaux réglementaires à un moment où elle peut le moins se le permettre.
« La dynamique change », a-t-il déclaré, indiquant que si la Chine est aux prises avec des faiblesses structurelles et une crise immobilière, d’autres régions d’Asie pourraient bénéficier de l’évolution des chaînes d’approvisionnement.
Il a suggéré que les mois à venir ne verraient peut-être pas une expansion mondiale généralisée, mais plutôt une croissance sélective.
« Certaines régions pourraient en bénéficier tandis que d’autres stagnent sous la pression des politiques et des vents contraires structurels », a-t-il prédit.
Cette croissance sélective pourrait redéfinir les stratégies d’investissement à mesure que les marchés s’adaptent aux nouvelles réalités.
L’équilibriste budgétaire du Royaume-Uni
En outre, en ce qui concerne les récentes annonces budgétaires au Royaume-Uni, M. Martin a proposé une évaluation critique de l’équilibre entre la relance de la croissance à court terme et la viabilité budgétaire à long terme. Il a fait remarquer :
Le budget britannique n’a pas de marge de manœuvre. La croissance doit venir vite, mais elle ne suffira pas à elle seule.
Compte tenu de la hausse des coûts d’emprunt et du fardeau du service de la dette, M. Martin a souligné l’importance de maintenir la crédibilité en matière de discipline budgétaire.
Le gouvernement n’a guère d’autre choix que de trouver le juste milieu entre les mesures de relance à court terme et le contrôle à long terme, avec peu de marge d’erreur.
Alors que les pays naviguent dans ces eaux économiques turbulentes, les idées de Martin nous rappellent l’interaction complexe entre les décisions politiques et les réalités du marché.
Son analyse souligne la nécessité d’examiner attentivement les stratégies économiques à court et à long terme.