Une fois de plus, en Hongrie, Marco Bezzecchi s’est
illustré et a croisé le fer avec Marc Marquez. Le temps de quelques
tours, je vous l’accorde, mais cette saison, personne n’a posé plus
de problème à l’officiel Ducati que le « Bez », quatrième
du classement général. Franchement, il m’épate.
Un état d’esprit irréprochable
Cette saison de Marco Bezzecchi est déjà une réussite, peu
importe ce qui arrivera dans les prochaines semaines. Pour
son premier exercice avec Aprilia, le « Bez » accomplit
des choses assez impressionnantes. Je suis ravi de le revoir à ce
niveau, car, comme beaucoup, j’imagine, il m’avait électrisé en
2023. Sur la RS-GP, qu’il a pu prendre en main sans
souffrir de la comparaison avec un coéquipier absent, Bezzecchi
montre des qualités insoupçonnées jusqu’alors, comme cette capacité
à se sortir de situations désespérées. Je m’explique.
Tout le
monde l’annonçait perdant face à Jorge Martin, mais l’absence de ce
dernier a probablement joué en sa faveur. Photo : Michelin
Motorsport
En 2023, lorsqu’il était chez Ducati VR46, il avait un statut
d’outsider, capable de faire des exploits ponctuels. On prêtait
moins attention à ses moments de faiblesse. Désormais, j’ai
l’impression qu’il prend très à cœur son statut de pilote
d’usine, poste dont il rêvait depuis tout petit. Ainsi, il
s’est comme transformé, en un homme plus sûr, plus régulier, mais
certainement pas moins talentueux. J’ai réellement l’impression
qu’il s’est amélioré sur le plan mental, là où il pouvait craquer
auparavant.
Lors des deux derniers Grands Prix, Bezzecchi n’a pas réussi la
Practice, car les deux tracés – le Red Bull Ring puis la Hongrie –
ne convenaient pas vraiment aux qualités de la RS-GP, qui s’inscrit
mieux dans les longues courbes à plat et sur les freinages en
ligne. À chaque fois, il a réussi à se débarrasser de ses
adversaires en Q1, et à se qualifier très haut sur la grille en Q2.
Il est carrément parti depuis la pole position en Autriche, et de
la deuxième place au Balaton Park.
C’est remarquable, car cela traduit une grande qualité
d’adaptation : Bezzecchi a la force mentale pour
repenser sa moto d’un jour à l’autre, et de performer sous la
pression d’une potentielle élimination en Q1, qui, cette
fois, condamnerait son week-end. C’est très fort, et peu en sont
capables. Beaucoup, quand ça ne marche pas le vendredi soir, disent
qu’ils n’y arrivent pas, qu’ils n’ont pas de sensations, et ne
trouvent rien le lendemain. Lui ne se plaint pas, part bosser avec
ses ingénieurs et garde une assez grande flexibilité mentale pour
dénicher le bon réglage et s’y adapter.
Massimo Rivola et ses hommes doivent être très heureux d’avoir
un tel pilote dans leurs rangs, car c’est précisément la
force de caractère que l’on attend d’un pilote
officiel.
LISTEN TO THE CROWD! 🔊@marcmarquez93
🆚 Bez is living up to the expectations 🍿#HungarianGP
🇭🇺 pic.twitter.com/CuwGifuGLm— MotoGP™🏁 (@MotoGP)
August 24, 2025
Où s’arrêtera-t-il ?
Sa progression est un autre point impressionnant. Au fil de
cette saison, il a réussi à acquérir une vraie régularité dans la
performance, à tel point qu’il est désormais toujours candidat au
top 5, si ce n’est au podium. Depuis deux ans, Aprilia
avait perdu ce profil. Aleix Espargaro comme Maverick
Vinales n’arrivaient pas à constamment s’imposer dans le haut du
classement (depuis 2023 au moins), et devaient leur réputation à
quelques rares coups d’éclat. Bezzecchi donne l’impression, chaque
week-end, de faire deux pas en avant, mais jamais un en
arrière, ce qui est pourtant fréquent dans un processus
d’apprentissage.
Je ne sais pas combien de temps ça peut durer, mais la rapidité
à laquelle cela se produit est saisissante. Exemple : les
qualifications. En début de saison, Bezzecchi avait déjà du rythme,
mais peinait sur un tour et sur les départs. Moins de six
mois plus tard, il est déjà l’un des meilleurs en qualifications,
et a même réalisé le holeshot lors du GP en Hongrie.
En 2024, mais aussi en 2023, on sentait, parfois, une espèce de
fébrilité en course, notamment en bataille rapprochée. Cela aussi
semble derrière lui. Face à Marc Marquez, il a su garder son calme,
ne pas lâcher, et livrer une joute honorable sur les deux dernières
manches. Certes, l’issue de ces combats était connue, mais
personne ne s’est aussi bien opposé à Marc que lui cette
année. En ce sens, je trouve personnellement qu’il
dégage plus de sérénité qu’Alex Marquez en situation
tendue, c’est un concurrent plus sérieux.
Je vous
avais dit de le surveiller car je croyais en lui, et je suis plutôt
fier de ce pronostic. Photo : Michelin Motorsport
Jusqu’où peut-il aller ?
Revenons au titre de cet article. Est-il celui qui peut détrôner
Marc Marquez en MotoGP ? Je pense effectivement qu’il
fait partie des rares à pouvoir prendre une victoire au n°93 sur la
fin de saison. Vu qu’il arrive à faire fonctionner la RS-GP sur
différents profils de circuits, il y a des chances qu’on le voie
encore mener des courses, ce que n’a pas réellement réussi
à faire Pedro Acosta, autre prétendant sérieux. Et puis,
des tracés que l’on sait favorables à l’Aprilia et à Marco
Bezzecchi arrivent : je pense à Barcelone, notamment, mais aussi à
Mandalika.
Ce n’est que mon avis, mais comparé aux autres qui peuvent
potentiellement venir à bout de Marquez le temps d’une course,
je trouve qu’il dégage un poil plus de solidité grâce à sa
régularité et sa force mentale. Il devient donc plus à
même de profiter d’un coup de moins bien de l’octuple champion du
monde, contrairement à Aldeguer, Alex Marquez ou Acosta qui peuvent
briller, certes, mais aussi totalement passer à côté.
En tout cas, s’il continue comme ça, je le vois ravir la
troisième place du championnat à son ami Pecco Bagnaia, ce
qui serait juste énorme.
Quel regard portez-vous sur la saison de Marco Bezzecchi jusqu’à
maintenant ? Dites-le-moi en
commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.
Marco
Bezzecchi est l’un des trois pilotes qui a battu Marc Marquez
lorsque celui-ci n’est pas tombé (à Silverstone). Il l’a fait et il
peut le refaire. Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport