Par
Julien Damboise
Publié le
29 août 2025 à 6h04
Nadine Georgel est un nom que vous ne connaissez peut-être pas. La maire écologiste du 5e arrondissement n’est pas la plus visible sur les réseaux sociaux, contrairement à d’autres élus hyperactifs sur les plateformes et qui n’hésitent pas à aller à l’affrontement direct.
Pourtant, la zone en partie gérée par celle qui fait partie de la garde rapprochée de Grégory Doucet dès le début de sa campagne municipale comporte de nombreux sujets entre mobilité ou sur-tourisme.
Élue depuis 2020, Nadine Georgel siège également au Sytral. Elle nous confie sa volonté de poursuivre son travail en dressant son bilan.
« La question des mobilités est notre principal enjeu dans le 5ᵉ »
Actu : Êtes-vous satisfaite de la situation des mobilités dans votre arrondissement, qui, on le rappelle, comprend la colline de Fourvière et ses pentes ?
Nadine Georgel : La question des mobilités est notre principal enjeu dans le 5ᵉ. Un sujet qui peut polariser, voire cliver malheureusement. On a beaucoup avancé. Nous avons trois problématiques à gérer : un relief qui pose des problèmes particuliers, nous sommes traversés par l’Ouest lyonnais et les déplacements touristiques sachant que Fourvière c’est 2,5 millions de touristes par an. Il faut essayer de minimiser les impacts et assurer la sécurité de tout le monde.
La basilique de Fourvière trône en haut du 5e arrondissement de Lyon. (©LD / Actu Lyon)
Voici pour le constat, mais depuis votre arrivée quelle est l’évolution ? Est-ce que l’explosion de l’utilisation des vélos a aussi touché le 5e ?
N.D : Je suis forcément satisfaite de la dynamique dans laquelle nous sommes. Après, est-ce que l’état est satisfaisant ? La réponse est non. Mais parce qu’on part de tellement loin, avec des projets très gros, on a toujours cette problématique de déplacements.
J’aime partir du plus vulnérable, c’est comme ça qu’on aborde les sujets de voiries. Une grosse satisfaction du mandat, c’est la création des rues des enfants, des aménagements sécurisés pour 1 500 élèves au total concernés, ainsi que leurs familles.
Nous avons aussi fait beaucoup d’amélioration sur les déplacements piétons, avec des élargissements de trottoirs, des bancs, parfois du stationnement supprimé. La plupart de ces suppressions, comme sur la rue des 4 Colonnes, c’était une mise en conformité avec la loi LOM, il n’y avait pas de velléité.
Après, nous avons tous les déplacements deux roues non motorisés. On a démarré avec quasiment pas de pistes cyclables, en dehors des quais. Notre travail est une innovation. Je ne suis pas cycliste, car je suis mal entendante. Je n’ai pas de parti pris.
Est-ce qu’il y a eu selon vous des échecs, on pense à la Voie Lyonnaise 11 reportée ?
N.D : Ça a été une rupture avec un statu quo, même plutôt un immobilisme sur ces questions-là. Et on peut le comprendre car elles sont très délicates. La facilité aurait été de ne rien faire. Après, on voit au quotidien que l’usage du vélo, qui était ponctuel en début de mandat, le matin ça circule de plus en plus. Un vrai changement d’usage.
« Une rupture avec un statu quo, même plus un immobilisme »
La montée de Choulans à Lyon où s’est déroulé l’accident qui a coûté la vie à un garçon âgé de 15 ans en . (©Google Street View)
La montée de Choulans est-elle toujours un point noir ? Quel bilan faites-vous durant votre mandat ?
N.D : Une nette amélioration, malheureusement qui a suivi un drame que j’ai gardé en tête (le conducteur d’un camion avait perdu le contrôle et avait tué un jeune garçon de 15 ans, NDLR). Je passe rarement à cet endroit sans y penser. Il fallait faire quelque chose pour que ça n’arrive plus jamais.
Les comportements se sont adaptés avec le passage à 30 km/h. Tout le monde n’est pas à 30 km/h, mais en tout cas la vitesse a nettement baissé. Ça s’est traduit par beaucoup moins d’accidents. Ce qui a été aussi un très gros bénéfice, c’est la voie réservée bus. Par exemple, pour le trajet de Saint-Irénée à Perrache, on met six minutes.
Enfin, le radar de chantier mis en place après le drame avant été retiré quelques mois avant l’élection présidentielle. Il flashait bien, on le savait, car ça faisait râler !
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« On peut qualifier ça de résistance »
« Il faut mieux répartir les flux de touristes » expliquait en 2024 Only Lyon. Est-ce que le Vieux Lyon va mieux après que le personnel de l’office du tourisme a décidé d’inciter les visiteurs à privilégier la Croix-Rousse et la Presqu’île ? Est-ce que ça fonctionne ?
N.D : Je n’ai pas d’élément. Nous nous focalisons sur le fait que les touristes ne prennent pas tous la rue Saint-Jean. Il faut déjà arriver à répartir ce flux, en montrant que la partie Saint-Georges est intéressante à visiter… qu’il y a d’autres itinéraires.
Le changement n’est pas criant.
N.D : Ce n’est pas faute de volonté, ni de moyen. Il y avait, l’été dernier, des médiateurs Only Lyon pour orienter les touristes différemment. Après ce n’est pas évident, ce sont parfois des visites organisées.
Est-ce qu’il y a toujours autant de nuisances pour les habitants des traboules ?
N.D : Un dispositif donne de bons résultats : les médiations de début de soirée, jusqu’à minuit. Ça ne résout pas tout, mais on est très vigilants. Après, le Vieux Lyon reste un quartier très festif, très fréquenté, ça restera compliqué, ça fait partie aussi de l’identité du quartier.
Est-ce que les restaurateurs et artisans résistent à la normalisation des centre-villes, comme ce qu’on peut voir en Presqu’île par exemple ?
N.D : Oui, on peut qualifier ça de résistance. Il y a une volonté de continuer à avoir un commerce qualitatif, distinctif. Par exemple, avec la création de l’association SO Vieux Lyon, qui fédère un ensemble d’indépendants. On les soutient financièrement. Après, comme tout quartier extrêmement touristique dans le monde, il n’y a pas que de la qualité. Mais on essaye de soutenir les initiatives. Il y a une belle dynamique.
« J’ai envie de poursuivre l’action publique »
Allez-vous vous représenter en 2026 ?
N.D : Pour l’instant, je suis cheffe de file des écologistes du 5e, je n’ai pas de réponse tant que je n’ai pas finalisé les discussions avec les partenaires.
En avez-vous envie ?
N.D : J’ai envie de poursuivre l’action publique. C’est une mission passionnante, je suis la première à inciter les gens qui auraient un intérêt pour la vie locale à s’essayer à un mandat. Quelle que soit la couleur politique. Il y a des degrés d’engagement, quand on est conseiller d’arrondissement ça ne prend pas un temps délirant. Quand on est maire, ça en prend beaucoup.
Toujours encartée Europe Ecologie Les Verts ?
N.D : Oui. Je suis fidèle à mon engagement.
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