Arrivé il y a dix ans sans savoir lire, Rostam Nazari incarne aujourd’hui la réussite d’un réfugié devenu entrepreneur dans les énergies renouvelables.
Monté sur un échafaudage, Rostam Nazari supervise l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit d’une école de Lohra, petite localité du centre de l’Allemagne. À 25 ans, ce jeune Afghan dirige la société SolarBau24, qu’il a cofondée en 2023. Son parcours témoigne d’une détermination peu commune.
Né en Afghanistan, il a grandi sans électricité ni accès à l’éducation. Après avoir fui son pays avec sa famille pour l’Iran, il entame en 2015 un périple périlleux vers l’Europe avec son frère. Comme des centaines de milliers d’autres migrants, il traverse la mer Égée sur un canot pneumatique puis parcourt les Balkans à pied. À son arrivée en Allemagne, il est pris en charge dans un foyer pour mineurs isolés.
C’est là que son destin bascule. Grâce à des cours intensifs d’allemand, il apprend la langue et découvre l’écriture. Trois ans plus tard, il publie un récit autobiographique, suivi d’un livre de recettes afghanes. Son intégration doit beaucoup aux nombreux soutiens qu’il a rencontrés, notamment une éducatrice qui l’aide à trouver un éditeur, puis un parrain qui l’accompagne gratuitement pendant des années dans sa formation en électricité.
Aujourd’hui, son entreprise emploie 32 personnes issues de diverses nationalités. Elle se distingue par sa politique inclusive, offrant des horaires flexibles, des congés adaptés aux fêtes religieuses et une priorité donnée à la motivation plutôt qu’aux diplômes. Pour Rostam Nazari, cette réussite est aussi une réponse aux débats sur l’immigration. Alors que le gouvernement allemand durcit sa politique migratoire, il rappelle que le pays a besoin de main-d’œuvre et que l’intégration des migrants bénéficie à toute la société.