« Entre 2020 à 2024, le GIR de Rennes, compétent sur les quatre départements bretons, a saisi entre 3,5 millions et 5,5 millions d’euros par an. À ce jour en 2025, nous sommes à 9,4 millions », sourit Sébastien Serrand, le chef du Groupe interministériel de Recherches de Rennes qui compte douze enquêteurs : sept policiers, trois gendarmes, un agent de l’administration fiscale et un douanier.
Ensemble, ils luttent contre l’économie souterraine. « Ces dernières années, le GIR était centré sur la saisie des avoirs criminels, détaille le commandant. On va reprendre le terrain sur l’économie souterraine dans sa diversité comme la lutte contre les commerces fraudeurs ou le travail dissimulé. »
Des dossiers de longue haleine
Le bilan record de 2025 s’explique par l’aboutissement de plusieurs enquêtes au long cours. Fin janvier dernier, les gendarmes de la section de recherches de Rennes ont mis la main entre l’Espagne et la région lorientaise sur 134,4 kg de drogues (111 kg de résine de cannabis, 14 kg de cocaïne, 3,4 kg d’herbe de cannabis et 6 kg de drogues de synthèse), 30 kg de produits de coupe. Le GIR a saisi plus de 240 000 euros en numéraire et 16 véhicules. Autre dossier important sur lequel est intervenu le GIR de Rennes : Le 17 juin dernier, un gros coup de filet était réalisé autour d’un point de deal aux Gayeulles à Rennes. Les perquisitions permettaient la saisie de 50 kg de résine, 7 kg d’herbe de cannabis, 2 kg de cocaïne, 9 armes à feu, 350 paquets de cigarettes et 131 paquets de tabac à rouler. Le GIR saisissait onze véhicules et 34 000 € en numéraire.
Une sanction plus lourde qu’une peine de prison ?
« L’aspect dépossession de biens est souvent beaucoup plus violent à encaisser que de passer quelques semaines ou quelques mois en prison », explique Sébastien Serrand. C’est pour cela qu’en juin 2024, la loi Warsman a élargi le champ d’action des enquêteurs. « Maintenant, pour toute infraction punie de plus d’un an d’emprisonnement, on peut faire une enquête patrimoniale et des saisies », explique le responsable. Une évolution qui renforce l’efficacité du GIR et facilite la dépossession des criminels en partenariat.
Pour 2026, le GIR, qui travaille en étroite collaboration avec l’Agrasc (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués), souhaite encore augmenter son activité. Pour y arriver, un 13e poste lui sera alloué en janvier prochain. « Nous nous sommes fixés comme objectif 10 millions pour 2025. On souhaite faire rentrer davantage de dossiers en 2026 afin d’augmenter notre volume de saisies. Le but du GIR est aussi de faire de l’acculturation dans les services. Le produit stupéfiant n’est pas une fin en soi. Les enquêteurs doivent se sentir concernés par la lutte contre le blanchiment. On peut les conseiller pour leurs réquisitions. »
Pourtant, le chemin reste semé d’embûches. Au Sénat, en mai dernier, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau expliquait que sur le 1,1 milliard saisi en 2024 en France par les gendarmes et les policiers, il y avait seulement 117 millions qui provenaient du narcotrafic. « Le trafic de stupéfiants est extrêmement cloisonné. Tout est saucissonné : financement, rôles, flux. Il est beaucoup plus difficile de remonter les circuits financiers sur le narcotrafic que pour le travail dissimulé ou le proxénétisme », explique Sébastien Serrand. D’où l’importance de la pédagogie.