À l’automne 2019, l’investiture de Rachida Dati par Les Républicains pour les municipales à Paris n’avait constitué qu’une formalité. Mais ça a été une tout autre histoire en 2025, et l’épisode, qui s’est clos ce jeudi soir, a été rythmé par d’intenses turbulences. La fumée blanche s’est échappée peu avant 20 heures du siège parisien de LR : l’actuelle maire du VIIe et ministre de la Culture est officiellement investie à l’unanimité par son parti pour essayer d’aller déloger la gauche, installée à l’Hôtel de ville depuis un quart de siècle.

« Un combat politique majeur s’ouvre devant nous à Paris ! » s’est félicitée Rachida Dati dans un communiqué, obtenant l’accord de LR « à toutes ses conditions », assure un proche. À commencer par la mainmise sur la constitution de la liste et une union avec les macronistes à Paris, en mars prochain.

Rien n’aura été simple

Mais rien n’aura été simple. L’entrée au ministère de la Culture du gouvernement Attal en 2024 avait valu à Dati une exclusion symbolique par Éric Ciotti, et son soutien à la liste macroniste aux européennes avait fâché la droite. Tout comme le renvoi en procès de l’ex-Garde des Sceaux pour corruption et détournements de fonds dans l’affaire Nissan-Ghosn — des faits qu’elle conteste — inquiète certains cadres, qui redoutent que cela rebute des électeurs.

Côté Dati, on a très mal pris l’investiture de l’ancien Premier ministre Michel Barnier le 28 juillet, en vue d’une législative partielle parisienne… qui recoupe une partie de l’arrondissement dont elle est maire. Certains croient y voir la préparation d’un « plan B » pour les municipales, même si LR affirme le même jour dans un communiqué que la sarkozyste est « la mieux placée » pour gagner Paris. Pas suffisant.

Alors, Rachida Dati maintient la pression. Tout l’été. Fin juillet, elle clame qu’elle sera « candidate quoi qu’il arrive » à la législative partielle. Elle le martèle auprès des adhérents parisiens, par mail le 10 août, déplorant que LR ait investi « un candidat engagé depuis plus de 40 ans dans un territoire rural, éloigné de plus de 600 km de notre circonscription ». Même si l’intéressé vit à Paris depuis 25 ans, il le rappelle toujours. Dimanche dernier encore, c’est par une tribune qu’elle remet un énième coup de pression publique au Président de LR, Bruno Retailleau. Un accord ou le combat fratricide.

Un accord trouvé en début de semaine

En coulisses, « elle discute directement avec Retailleau », confie un soutien datiste. Un accord est trouvé en début de semaine, et la droite convoque une commission nationale d’investiture spécialement pour elle. Dati sera officiellement investie candidate pour Paris, libre de composer sa liste municipale.

« Mais les LR doivent y être majoritaires en positions éligibles », glisse un élu parisien, alors que Dati aspire à être la candidate unique de la droite et du centre, macronistes compris. La question des noms à coucher sur papier sera un sujet pour plus tard. Dans le même temps, elle s’engage à soutenir Michel Barnier, et lui de même. « Elle n’avait aucune envie de se présenter à la législative. Rachida, c’est Paris qui l’intéresse. Mais elle fonctionne comme ça. D’abord elle tape, ensuite elle discute », décrypte un élu parisien qui la connaît par cœur.

« C’est un accord gagnant-gagnant », se félicite Agnès Evren, sénatrice et présidente de la fédération LR de Paris, persuadée que la maire du VIIe est la seule à même de permettre à la droite de l’emporter dans la capitale, en mars prochain. « Rachida Dati tient le haut du pavé dans les sondages depuis plus de trois ans », constate le sénateur LR Roger Karoutchi. Tous les autres aspirants candidats, le sénateur LR Francis Szpiner inclus, ne lui arrivent, de cet aspect, pas à la cheville.

Avec cet accord parisien, Bruno Retailleau s’évite une première crise. Un cadre parisien, à propos de la campagne municipale, précise : « On ne vous promet pas que ça sera un long fleuve tranquille jusqu’en mars ! »