Les médecins et experts en santé publique s’alarment d’un constat inquiétant: les hommes meurent bien plus souvent que les femmes de maladies qui auraient pu être évitées. Cette réticence à consulter conduit à des drames évitables, puisque nombre de ces pathologies sont détectables tôt et traitables, rapporte le média en ligne Futurism. Le problème, selon les spécialistes, n’est pas tant médical que culturel, car beaucoup d’hommes n’osent pas franchir la porte du cabinet médical.

Une étude de l’American Heart Association, à la fin des années 1990, révélait déjà que 75% des morts subites cardiaques touchaient des hommes. La tranche d’âge la plus exposée est celle des 45‑75 ans, particulièrement vulnérable aux maladies coronariennes. Or, des symptômes comme l’essoufflement ou les douleurs thoraciques devraient suffire à alerter. Traitées suffisamment tôt, ces pathologies sont contrôlables. À condition de consulter.

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Le cancer de la prostate illustre à lui seul ces réticences. Aux États-Unis, un homme sur huit sera diagnostiqué au cours de sa vie et un sur quarante-quatre en mourra. Pourtant, un dépistage précoce augmente fortement les chances de survie. Beaucoup refusent ces examens jugés gênants, alors qu’ils ne sont pas plus invasifs qu’un frottis gynécologique. Les spécialistes rappellent que des symptômes légers, comme des mictions nocturnes fréquentes, devraient pousser à se faire examiner sans tarder.

Le rôle aggravant de la pandémie

La crise du Covid‑19 a accentué ces déséquilibres. Les données montrent que le virus a tué proportionnellement davantage d’hommes que de femmes. Mais plutôt que d’inciter ces derniers à une meilleure prévention, la pandémie a parfois eu l’effet inverse, beaucoup se détournant de leur suivi médical régulier. Le rapport à la santé masculine semble s’être encore plus fragilisé après cette période de crise.

L’essor de services de télésanté permet désormais d’obtenir certains traitements –comme des médicaments contre les troubles de l’érection– sans passer par un vrai examen médical. Si les téléconsultations simplifient l’accès aux soins, elles privent aussi de bilans plus complets. La dysfonction érectile peut par exemple être un signal précurseur de maladies cardiovasculaires graves. Les prescriptions en ligne risquent donc parfois de masquer des diagnostics essentiels.

Pour de nombreux médecins, il est urgent de briser ce cercle vicieux. Le refus de consulter repose souvent sur des tabous, une peur des résultats ou une banalisation des symptômes, pourtant, de simples dépistages pourraient sauver des milliers de vies chaque année. Redonner confiance aux hommes dans leur parcours médical, c’est leur offrir la possibilité de vivre plus longtemps et en meilleure santé.