La narratrice s’appelle Lame. Comme une lame de couteau, comme l’âme et aussi comme lame, en anglais, «estropiée». Car ça va mal finir, c’est annoncé dès le début, à cause de Tom, un blond falot, limite incel et atteint d’«hyperphagie», qui fait une fixette sur elle.
«La nuit, j’aime whiner dans les soirées afro-caribéennes de Paris, celles gratuites pour les filles. Elles me rappellent les fêtes familiales avant que le twerk ne devienne cool. Et au matin, je découvre à l’école la tragédie antique, nouveau tropisme.» Lame est une actrice d’origine camerounaise, star de cinéma «en attente» et transfuge de classe : «Je suis jeune, noire, grasse.» Objet médiatique idéal, note-t-elle. «“Ne perds pas de poids”, qu’on me répète. “C’est à la mode en ce moment.”» Toute ressemblance avec l’autrice, Séphora Pondi, pensionnaire de la Comédie-Française depuis 2021 et acclamée au printemps dernier dans Médée, est voulue ; mais son premier roman se tient à bonne distance de l’autofiction.
Il y a quatre pôles dans Avale : passé (2001-…), présent (juillet 2018), Tom et Lame. Le récit est construit en «anatomie» du drame annoncé, racontant le parcour