Par
Rachel Coudert
Publié le
29 août 2025 à 13h32
Huit grandes villes françaises, dont Montpellier, ont pris une décision radicale suite à l’alerte lancée par BLOOM en octobre 2024. Le thon a ainsi été retiré temporairement des menus des établissements scolaires montpelliérains. La raison ? Sa forte teneur en mercure, un métal neurotoxique classé par l’Organisation Mondiale de la Santé comme « l’une des dix substances les plus préoccupantes pour la santé publique. »
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« À ce jour, aucune mesure n’a été prise par les responsables politiques nationaux et européens et l’industrie du thon pour protéger les consommateurs, en particulier les enfants », explique le communiqué de presse de la Ville de Montpellier, ce jeudi 28 août 2025. Bègles, Grenoble, Lille, Lyon, Mouans-Sartoux, Paris et Rennes, aux côtés de Montpellier – soit plus de 3,5 millions d’habitants – ont ainsi supprimé cet aliment dans le but de préserver, au maximum, la santé des élèves.
Le mercure & ses risques
Une fois ingéré, le mercure, très difficile à éliminer par l’organisme, peut se loger dans le cerveau et avoir des effets dévastateurs, notamment sur le développement des jeunes : baisse de QI, troubles neuromoteurs, troubles du comportement, troubles de la mémoire… Présent en très grande quantité dans l’océan, il s’accumule dans les poissons sous sa forme la plus toxique : le méthylmercure. Le thon, grand prédateur marin, présente ainsi une contamination bien plus élevée que les petites espèces. Actuellement, ce poisson reste le plus vendu en Europe, avec une consommation moyenne de 4,9kg de thon par personne par an en France selon l’enquête de BLOOM.
Une enquête alarmante
Cette décision fait suite à une enquête publiée par l’association BLOOM en 2024 : après 18 mois d’investigations et l’analyse de 150 conserves de thon dans cinq pays européens, celle-ci révèle une contamination au mercure de 100 % des boîtes testées. Une conclusion alarmante qui s’explique pourtant au niveau européen : la réglementation censée protéger la santé publique fait une exception pour certains poissons prédateurs, dont le thon, autorisant ainsi cette espèce à contenir trois fois plus de mercure que d’autres. Plus concrètement, « une boîte de la marque Petit Navire achetée dans un Carrefour City parisien affiche une teneur record de 3,9 mg/kg, c’est-à-dire 13 fois plus élevée que celle des espèces soumises à la norme la plus restrictive de 0,3 mg/kg », révèle l’association.
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BLOOM montre ainsi qu’un enfant de 20 kg qui consomme, en une semaine, une seule conserve de thon de 100 g, au taux de mercure actuellement autorisé, ingère près de quatre fois plus de mercure que la limite idéale pour l’organisme. Cette limite, appelée Dose Hebdomadaire Tolérable (DOT), correspond à la quantité maximale qu’une personne peut absorber régulièrement tout au long de sa vie sans risque majeur pour la santé. Les enfants, plus exposés et plus vulnérables, peuvent ainsi la dépasser très rapidement.
Si Montpellier et sept autres villes prennent déjà des mesures locales, elles appellent désormais l’État et l’Union européenne à revoir d’urgence les seuils autorisés de mercure dans le thon. En attendant, cet aliment ne sera pas réintroduit dans les cantines scolaires montpelliéraines tant que la limite autorisée ne sera pas abaissée à 0,3 mg/kg. Une décision qui sonnera peut-être également l’alarme au niveau national.
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