Alors que la réglementation actuelle de la F1 touche à sa fin, les gains sont de plus en plus difficiles à trouver sans porter atteinte au fragile équilibre aérodynamique des monoplaces actuelles. Mais le processus d’évolution est plus difficile pour certaines équipes que pour d’autres et, dans ce domaine, Aston Martin peine depuis deux ans à améliorer sensiblement le potentiel de ses monoplaces.

Non pas que la structure de Silverstone n’est pas capable de produire de nouvelle pièces, elle est au contraire l’une des plus actives, mais celles-ci ont rarement apporté ce qui était attendu d’elles au vu des simulations. « On apprend de nos erreurs et on apprend des choses qui n’ont pas fonctionné », a déclaré Alonso lorsque Motorsport.com lui a demandé dans quelle mesure l’expérience des améliorations qui n’en sont pas pouvait être utile dans l’évaluation de nouvelles pistes de développement.

Il y a eu des erreurs dans le processus de conception, de production et dans la conviction que cela rendrait la voiture plus rapide.

« Mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose d’avoir apporté des améliorations qui n’ont pas donné les résultats escomptés. Il y a donc eu des erreurs dans le processus de conception, de production et dans la conviction que cela rendrait la voiture plus rapide. Et lorsque ces pièces ne rendent pas la voiture plus rapide, il faut revenir en arrière et déterminer où l’erreur a été commise. Et comme je l’ai dit, même si nous en tirons des leçons, cela n’aurait jamais dû se produire. Parce que c’est la Formule 1, pas une académie où on teste des choses. Ici, il faut avoir des résultats. »

Fernando Alonso (Aston Martin)

Fernando Alonso (Aston Martin)

Photo de: James Sutton / Formula 1 / Formula Motorsport Ltd via Getty Images

L’an passé, l’introduction spectaculaire d’un nouvel aileron avant, d’une nouvelle carrosserie et d’un nouveau plancher au GP des États-Unis s’était tout aussi spectaculairement soldée par un retour en arrière cuisant au GP de Mexico. Une situation qui avait alors justifié une nouvelle restructuration interne avec l’éviction de Dan Fallows de son poste de directeur technique et la nomination d’Andy Cowell au poste de team principal.

Les problèmes des saisons précédentes n’ont pas aidé l’AMR25 à être compétitive d’entrée, mais les évolutions n’ont pas véritablement permis de faire une immense différence. Aston Martin a ainsi apporté son premier gros package à Imola, avec entre autres un nouveau plancher et un nouveau diffuseur. Une comparaison directe a d’abord été menée en piste entre Alonso et Lance Stroll, traduisant une approche prudente et pas forcément une immense confiance dans les données issues des simulations.

Si du mieux a d’abord été noté en qualifications, avec un double passage en Q3, aucun point n’a été retiré en course. Beaucoup de traînée et un comportement erratique ont continué à gêner le travail des pilotes, en dépit d’un nouveau gros package à Silverstone qu’Alonso a pourtant décrit comme « un petit progrès » en termes de performance. Des ailerons spécifiques à certains circuits ont été introduits depuis, et la structure n’exclut pas de continuer à apporter de nouvelles pièces d’ici la fin de saison.

Un pilote a également le droit de critiquer. Dans ce cas, je pense que c’est justifié.

Face aux critiques de ce jeudi à Zandvoort, Mike Krack – aujourd’hui responsable des opérations piste d’Aston mais qui fut durant une grande partie de cette période le directeur de l’écurie -, n’a pas manqué d’acquiescer : « Je pense que nous voyons les choses de la même manière », a-t-il déclaré pour l’ORF. « Et un pilote a également le droit de critiquer. »

« Dans ce cas, je pense que c’est justifié. Au cours des deux ou trois dernières années, nous avons connu des difficultés dans la course au développement et nous avons parfois échoué à mettre en place des améliorations efficaces. La critique est donc justifiée. Mais nous nous critiquons également nous-mêmes ; nous n’avons pas besoin que cela vienne de l’extérieur. Néanmoins, il a tout à fait le droit de s’exprimer. »

Cowell optimiste malgré tout
Andy Cowell, PDG et directeur d'Aston Martin F1.

Andy Cowell, PDG et directeur d’Aston Martin F1.

Photo de: Zak Mauger / LAT Images via Getty Images

En Hongrie, Cowell a déclaré en exclusivité à Motorsport.com que ce processus jugé malgré tout positif était le résultat des essais réalisés dans la nouvelle soufflerie du « campus technologique » d’Aston Martin à Silverstone, après des recherches menées d’abord dans la soufflerie Mercedes, puis dans ses nouvelles installations. L’évolution d’Imola devait être la dernière de la saison, mais elle s’est avérée suffisamment encourageante pour que Cowell autorise la poursuite du développement, bien que de manière limitée.

« Nous savons que l’année dernière, nous avons remporté le championnat du nombre d’évolutions », a-t-il déclaré. « Cela signifie que tout le monde a fourni des efforts considérables, des aérodynamiciens aux designers, en passant par les concepteurs de composites, la chaîne d’approvisionnement, la fabrication interne, les équipes chargées de préparer tout le matériel pour les circuits et les mécaniciens sur place pour installer les nouvelles pièces. Et si vous n’obtenez pas en retour la récompense d’une amélioration du temps au tour, ce n’est pas une situation très agréable. Ce n’est pas bon pour la confiance d’une organisation ou pour son moral. »

« Il était donc important d’attendre Imola pour s’assurer que tout était en place. Nous étions prêts, nous avons dit que nous lancerions les améliorations lorsqu’elles seraient prêtes. Et c’est pourquoi la joie que nous avons ressentie lors du débriefing que nous avons fait après Imola était formidable. Et maintenant, nous devons simplement nous appuyer là-dessus. Nous devons approfondir notre compréhension du monde de la physique des fluides et de l’aérodynamique, jusqu’à nos outils d’analyse, afin d’avoir encore plus confiance dans le travail que nous accomplissons pour 2026 et au-delà. »

Si cela donne une image rassurante de l’avenir, Alonso et Stroll devront encore passer le cap de 2025. Et dans ce domaine, course après course, ils se retrouveront face à une voiture qui s’est qualifiée en fond de grille en Belgique, avant de n’être qu’à un dixième de la pole en Hongrie une semaine plus tard. Et ils se demanderont sans doute quelle facette de sa « personnalité » vont-ils encore découvrir.

Avec Filip Cleeren

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