La nouvelle se répand comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux : le Royaume-Uni vaccinerait ses nourrissons contre la gonorrhée. « Oui, vous avez bien lu. Des bébés se sont vus injecter un vaccin qui, de l’aveu même des autorités, protège contre une maladie sexuellement transmissible », écrit un internaute.

Comment cela a pu arriver ? Selon leur théorie : « Le vaccin contre la gonorrhée est tout simplement le vaccin contre la méningite 4CMenB, qui fait partie du calendrier de vaccination des enfants depuis 2015 ! »

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Et d’ajouter : « Pendant des années, les parents ont fait confiance au système, avant de découvrir que leurs bébés étaient utilisés comme cobayes dans une expérience qui n’avait rien à voir avec la seule méningite. »

Un message qui gagne d’autant plus en visibilité que Silvano Trotta, figure emblématique du conspirationnisme, l’a partagé sur X. En profitant pour rappeler l’une de ses batailles : « Ne vaccinez pas vos enfants !!! »

FAKE OFF

Il n’a évidemment jamais été question, pour le gouvernement britannique, de vacciner les bébés contre la gonorrhée. Mais alors d’où vient la confusion faite sur les réseaux sociaux ?

Les cliniques de santé sexuelle du Royaume-Uni ont bel et bien commencé, au mois d’août, à proposer la vaccination contre la gonorrhée aux patients les plus explosés au risque d’infections sexuellement transmissibles.

Donc absolument pas pour les bébés, mais bien pour les personnes adultes, et notamment les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ou des partenaires multiples. Et ce puisqu’il s’agit de la population où les risques d’infection sont les plus élevés. The Guardian expliquait, lors de l’annonce de cette campagne, que la proposition pourrait également être faite à des femmes exposées.

Une protection partielle contre les infections à gonocoque

Cette campagne de vaccination est une première mondiale. Et pour cause, aucun vaccin spécifique n’existe actuellement contre la bactérie Neisseria gonorrhée, responsable de cette IST. Mais les médecins et chercheurs ont observé que celui qui cible les méningocoques présente une protection partielle contre les infections à gonocoque.

C’est bien le vaccin 4CMenB qui est utilisé, soit celui dont ont parlé les internautes dans leurs publications. Ce dernier était, jusqu’à présent, utilisé contre le méningocoque B, une infection bactérienne grave pouvant provoquer une méningite ou une septicémie. Et effectivement, au Royaume-Uni, il fait partie du schéma vaccinal obligatoire des enfants et est administré à l’âge de 8 semaines, 16 semaines et 1 an.

Contrairement à ce qu’ont donc affirmé les détracteurs de la piqûre sur les réseaux sociaux, les bébés britanniques n’ont pas été « utilisés comme cobayes dans une expérience qui n’avait rien à voir avec la seule méningite ». Puisqu’il s’agit bel et bien du vaccin qui a été créé et qui est efficace contre la méningite.

Objectif : Eviter 100.000 cas au Royaume-Uni

Son efficacité vaccinale contre la gonorrhée n’est comprise qu’entre 30 et 40 %, selon le site professionnel Vidal. Mais pour des chercheurs de l’Imperial College de Londres, la vaccination des personnes les plus à risque de gonorrhée avec le vaccin 4CMenB pourrait éviter plus de 100.000 cas et permettre au National Health System (NHS) d’économiser plus de 7,9 millions de livres sterling sur dix ans.

Elle permet également de proposer une alternative au traitement, qui est une injection unique d’antibiotique, mais qui présente des limites. De plus en plus de pays relèvent un haut niveau de circulation de souches très résistantes.

La campagne de vaccination est toutefois remise en question par certains qui estiment que son efficacité ne sera que très limitée. Premièrement, parce que le schéma vaccinal repose sur 2 doses initiales, et la protection ne dépasse pas 3 à 5 ans. Et ensuite, parce que contre le méningocoque, ce vaccin protège contre l’infection et ses conséquences graves. Mais il n’empêche en rien la transmission entre les personnes.