« C’est la municipalité de Mannheim qui m’a gentiment annoncé le mois dernier que le chancelier allemand venait à Toulon fin août », révèle Magali Turbatte, adjointe au maire, déléguée notamment aux relations internationales. C’est dire si le jumelage entre les deux villes est toujours bien vivant, après pourtant plus de soixante ans d’existence. « Des quatre jumelages de la ville de Toulon, c’est de loin le plus dynamique », affirme, sans ambages, l’élue toulonnaise. Et de préciser: « Ce dynamisme, on le doit principalement à la ville de Mannheim qui est jumelée à de nombreuses villes et qui dédie deux personnes au seul jumelage avec Toulon ».
La personnalité du maire de Mannheim – Christian Specht – n’est pas étrangère non plus à l’amitié sincère qui unit la ville allemande à Toulon. « Christian Specht parle très bien français. Mais au-delà de ça, lorsqu’il était adolescent, il a bénéficié de ce jumelage en participant à un échange entre son établissement scolaire et le lycée Bonaparte. C’est d’ailleurs dans le train qui le ramenait en Allemagne qu’il a appris l’accident d’hélicoptère dans lequel 46 personnes, dont 23 membres du Para club de Toulon, ont trouvé la mort le 11 septembre 1982. Un drame qui l’a profondément marqué », raconte encore Magali Turbatte.
Un jumelage toujours en évolution
Si l’apprentissage de l’allemand est aujourd’hui quelque peu en perte de vitesse sur les bords de la rade, comme d’ailleurs celui du français en Allemagne, les échanges scolaires entre les deux villes continuent. Les collèges Pierre Puget, Ravel, Voltaire, ainsi que les lycées Bonaparte, Dumont d’Urville, Cisson et Anne-Sophie Pic (lycée hôtelier) entretiennent ainsi des liens étroits avec les établissements allemands suivants: Gesamtschule Mannheim Herzogenried, Feudenheim gymnasium, Geschwister-school gymnasium, Johanne Sebastian Bach gymnasium, Werner Von Siemens, Lessing gymnasium et Justus-Von-Liebig Schule.
Mais sous l’impulsion de Christian Specht qui, en 2019, confiait à Var-matin qu’il était « temps d’inventer le jumelage 2.0 », l’amitié entre Toulon et Mannheim va bien au-delà de ces toujours sympathiques échanges d’écoliers. Selon Magali Turbatte, qui prépare un dossier de candidature pour le Prix du jumelage franco-allemand du Sénat, « chaque année, des commerçants de Mannheim sont présents sur le salon des vins et de la gastronomie Bacchus. Au mois de mars dernier, Christian Specht et son conseil municipal étaient même du voyage. L’office de tourisme de la métropole Toulon Provence Méditerranée participe pour sa part tous les ans au marché français qu’organise notre ville jumelle allemande. Par ailleurs, TVT Innovation et Next Mannheim se sont rapprochés pour favoriser l’incubation de start-up dans chacune de nos deux villes ».
La « fierté » du maire de Mannheim
On le voit: Toulon et Mannheim n’ont pas vraiment besoin de la visite du chancelier Friedrich Merz à Toulon, ce vendredi 29 août dans le cadre du 25e conseil des ministres franco-allemand, pour entretenir leur solide amitié. « Mais si ça permet de faire un focus sur une ville amie de l’Allemagne, c’est toujours bien », conclut l’élue toulonnaise.
« On est un peu jaloux à Mannheim que ce conseil des ministres franco-allemand ait lieu à Toulon et non chez nous », déclare Christian Specht, d’un ton amusé. En réalité, le maire de Mannheim, qui, nous confie-t-il, a « écrit une lettre au chancelier allemand en début de semaine pour lui expliquer la richesse du jumelage entre sa ville et Toulon », se dit « très fier » que sa ville de cœur française ait été choisie pour une telle rencontre. Et si, après 65 ans de jumelage, l’amitié entre Toulon et Mannheim se porte bien, Christian Specht insiste: « Les échanges scolaires et culturels sont importants, mais il faut aussi établir des échanges économiques entre nos deux villes. Et s’emparer, en y impliquant la jeunesse, des questions environnementales ».