Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

29 août 2025 à 17h27

Quand un vert voit rouge : « Ne trahis pas l’union de la gauche et des écologistes, camarade ! », tel est le début de la lettre de reproches que Manu Reynaud vient d’adresser à Jean-Louis Roumegas, en le tutoyant, un message révélé ce vendredi 29 août 2025.

« Le 7 juillet 2024, tu as été élu député de Montpellier sous la bannière du Nouveau Front Populaire. Un rassemblement inédit de la gauche, des écologistes, des forces progressistes, renforcé par la mobilisation de milliers de citoyen-nes de Montpellier qui a rendu possible ton élection. Aucun soutien ne t’a manqué : ni celui des électeurs/trices et des militant-es de gauche et écologistes, ni celui des élu-es et responsables politiques locaux, représentant la gauche plurielle dans sa diversité. Personne n’a oublié ce rassemblement citoyen, le 30 juin, devant le Pavillon Populaire, cette mobilisation unitaire en soutien à ta candidature et à celles de Sylvain Carrière et Fanny Dombre-Coste aux cotés du maire Michaël Delafosse, René Revol et tant d’autres. Personne n’a oublié que ce sont les voix d’électeurs/trices montpelliérain-nes qui t’ont permis de te qualifier pour le second tour et de battre le candidat du Rassemblement National », écrit l’adjoint au maire de Montpellier, président des élus écologistes à la mairie de Montpellier au député de l’Hérault, membre écologiste à l’Assemblée nationale.

Il rappelle encore que, « C’est cette union de la gauche qui a permis ton élection et ton mandat. Cette union nous engage toutes et tous. Tu connais les vertus du rassemblement. Dès 2001, tu as exercé le mandat de deuxième adjoint au maire de Georges Frêche, au sein d’une majorité de gauche plurielle rassemblant socialistes, écologistes, communistes, et radicaux de gauche. En 2012, tu as été élu député avec le soutien, dès le premier tour, de l’union de la gauche et de l’écologie qui formait la majorité présidentielle de François Hollande. Et c’est dans ce même esprit de rassemblement que tu as été élu à nouveau député en 2024 ».

Manu Reynaud ajoute : « Lors des élections municipales de 2014, tu a même défendu, pour EELV, une liste d’union dès le premier tour avec le parti socialiste. Le 13 février 2014, dans  un hebdomadaire tu déclarais : « Cet accord de premier tour avec le PS est déjà une victoire ! ». Et de monter d’un cran, enfin : « Aujourd’hui, pourtant, tu annonces ta candidature comme tête de liste aux municipales de 2026… contre une majorité de gauche plurielle qui t’a soutenu sans réserve en 2024, il y a à peine un an !

Jean-Louis Roumégas lors de la restitution de la tournée des quartiers.
Jean-Louis Roumegas, député écologiste de l’Hérault (©CN)Vidéos : en ce moment sur Actu« Camarade, ce choix interroge »

D’abord, parce que nous partageons, en tant qu’écologistes, un principe fondateur : le non-cumul des mandats.  Tu as d’ailleurs voté la loi qui a permis qu’aujourd’hui en France, il ne soit plus possible d’exercer en même temps un mandat de maire et un mandat de député. D’ailleurs, dans un entretien à la presse en 2014, tu expliquais vouloir honorer ton mandat national de député et ne pas briguer localement autre chose qu’un simple mandat de conseiller municipal sans fonction exécutive. Aujourd’hui, tu es le seul député écologiste de France à briguer une fonction de maire. Ce choix est contraire au sens de l’histoire et aux valeurs de l’écologie politique ».

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« Député ou candidat au poste de maire, il faut choisir camarade ! »

Manu Reynaud poursuit : « Par ailleurs, ce choix de la division de la gauche interroge car il vient en contradiction totale avec la stratégie d’union de la gauche promue par les écologistes tant au niveau national qu’au niveau local. Une stratégie d’union encore défendue ces derniers jours à Strasbourg par la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, lors des journées d’été des écologistes. Partout où une ou un maire de gauche se représente, à Lyon comme à Marseille ou Bordeaux, il est évident et naturel que la majorité de gauche sortante doit se représenter unie devant les électeurs ».

Puis, après l’analyse vient ce constat amer : « Se présenter contre une majorité municipale sortante de gauche et écologiste c’est faire le choix de la division. Cela interroge d’autant plus que le contexte est préoccupant. Au lendemain de l’annonce de François Bayrou, la crise politique nationale est plus grave que jamais. Nous devons nous préparer à toutes les hypothèses : mobilisation à l’Assemblée, résistance dans les territoires, voire dissolution et nouvelles élections législatives. Dans ces circonstances, la gauche et l’écologie ne peuvent pas se payer le luxe de la division ! Et puis Montpellier n’est pas une ville comme une autre. C’est une terre de résistance. Une ville de gauche, ouverte, hospitalière, cosmopolite, une ville de plus en plus isolée dans un Midi méditerranéen où, de Nice à Perpignan, l’extrême droite progresse. Plus que jamais, la gauche montpelliéraine doit se tenir debout et résister. Dans ce contexte, rien ne peut justifier la division de notre camp ! ».

Pour Manu Reynaud, « Montpellier mérite mieux. Les électeurs/trices de la gauche et de l’écologie sont en attente d’un rassemblement des forces de gauche. Un rassemblement dans la clarté et dans la constance. Car il est incompréhensible d’appeler, un jour, au rassemblement pour se faire élire député et le lendemain de justifier la division pour être candidat au poste de maire ! » Dans les semaines qui viennent, la situation nationale primera sur tout le reste. La construction d’une alternative écologique et sociale doit être notre boussole. Ne donnons pas des armes à nos adversaires et soyons clairs vis à vis de nos électeurs/trices. On ne construit pas l’avenir en justifiant la division au gré des circonstances. On trouve des compromis, on règle nos différends, on bâtit l’union. Même si elle est parfois rugueuse, même si elle demande des concessions, l’union est un combat, mais c’est un combat qu’il faut gagner.

Et de conclure par cet avertissement : « Ne trahis pas l’union de la gauche et des écologistes, camarade ! » Deux camarades qui ne passeront visiblement pas les fêtes de fin d’année ensemble : à quelques mois des élections municipales, entre le fromage et le dessert, les discussions auraient pu être  constructives…

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