En Allemagne, la politique migratoire de Friedrich Merz, censée rompre avec l’ère Merkel, vacille face à une décision judiciaire retentissante. Le 8 juillet 2025, le tribunal administratif de Berlin a ordonné la délivrance de visas à une famille afghane menacée, malgré le gel du programme d’accueil par Merz. Quelques 2.000 Afghans, anciens collaborateurs de l’armée allemande, militants ou journalistes, attendent au Pakistan. Selon Focus, un père et son fils accueillis auraient des liens avec des mouvements violents, ravivant les craintes sécuritaires. Financé par les contribuables allemands, cet accueil relance le débat sur le coût et les risques de l’immigration, alors que l’extrême droite, portée par l’AfD, gagne du terrain dans une société divisée.

Une justice qui défie le gouvernement

Le tribunal administratif de Berlin a rappelé au chancelier allemand ses obligations légales. En effet, l’Allemagne, juridiquement engagée envers les Afghans ayant travaillé à son service, doit honorer ses promesses de protection. Mauvais timing, puisque cette décision intervient alors que Merz, leader de la CDU (union chrétienne-démocrate), avait gelé ce programme dès son arrivée au pouvoir en mai 2025, surfant sur la principale préoccupation du corps électoral : l’immigration. Toujours au cœur des débats, 39 % des Allemand place l’immigration comme sujet d’inquiétude majeur en août 2025 (Ipsos), montrant que Merz n’a pas su vraiment apaiser les masses populaires.

Les coûts, jugés exorbitants par Focus sans chiffres précis, pèsent sur les contribuables. Un récent sondage Ipsos révèle que 39 % des Allemands considèrent l’immigration comme leur principale préoccupation, devant l’économie et la sécurité sociale, faisant de ce sujet le numéro un outre-Rhin. Du côté de l’opposition, on fulmine. Sur X, la présidente d’Alternative für Deutschland (AFD) Alice Weidel, plaide pour un changement de politique radicale estimant que cette « décision de justice portait préjudice à l’Allemagne ». Ajoutant : « Le gouvernement Merz s’incline à nouveau. Le tournant migratoire n’est possible qu’avec l’AfD. »

Des risques sécuritaires balayés d’un revers de main ?

Si le gouvernement Merz se félicite d’avoir expulsé 81 criminels Afghans vers leur pays d’origine cet été, des craintes se font entendre au sein même de la majorité chrétienne-démocrate. Interrogé par nos confrères de Focus, Stephan Mayer, expert en affaires intérieures au sein du groupe parlementaire CDU/CSU, est très septique quant à l’identification des profils des personnes qui seront accueillies : « Je reste convaincu qu’au vu des lacunes et des insuffisances connues dans l’identification et, en particulier, dans le contrôle de sécurité des ressortissants afghans qui doivent être rapatriés du Pakistan vers l’Allemagne, il serait gravement négligent et donc inapproprié d’accepter ces personnes dans notre pays. »

Au delà même du coût de l’accueil et des promesses non-tenues de Merz, subsiste un risque sécuritaire. Les Allemands gardent encore à l’esprit l’attaque au couteau meurtrière perpétrée par un Afghan en janvier dernier dans un parc de Bavière et l’attaque à la voiture bélier à Munich faisant 2 morts et 39 blessés en février dernier, elle-aussi commise commise par un ressortissant afghan arrivé en 2016. De quoi durablement marquer l’imaginaire collectif allemand.


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