Par
Brian Le Goff
Publié le
29 août 2025 à 19h07
Ils croient en une autre issue, pour le parking Vilaine. Vendredi 29 août, à l’appel de Patrick Guimault, qui se qualifie de « simple citoyen », une quinzaine d’habitants ont manifesté leur opposition à la destruction du parking Vilaine, dont la fermeture définitive a lieu dimanche 31 août en soirée.
« Ce combat, ce n’est pas le mien. J’habite à 300 mètres et je ne me gare pas sur le parking. Je suis Rennais certes, mais il ne faut pas être égoïste et penser à toutes ces personnes qui viennent de villes rurales, parfois lointaines, en centre-ville et qui ont besoin de se stationner avec facilité. Tout comme il faut penser aux personnes en situation de handicap et aux personnes âgées », développe rapidement Patrick Guimault.
On dit que l’on veut redécouvrir la Vilaine, mais c’est complètement idiot. Le fleuve est encaissé à 5,60 m. On n’arrivera pas à la rendre intéressante comme ça.
Patrick Guimault
De même, ce citoyen s’interroge sur le réel coût des travaux, estimé à 30 millions d’euros. « Mais qui nous dit que ce ne sera pas 31, 32 ou 33 car, pour l’heure, seul l’appel d’offres, d’une valeur de trois millions d’euros, pour la destruction pour parking a été passé, pas pour le reste des aménagements et la requalification de la place de la République. »
D’autres questions lui trottent également dans la tête : « Y aura-t-il une véritable accessibilité des pontons aux PMR (personnes à mobilité réduite) ? Une fermeture de ces mêmes pontons la nuit sera-t-elle envisagée afin d’éviter les tags sur les murs encadrant la Vilaine ? Et quid des chauves-souris ? », ajoute-t-il.
« Il y a des recours possibles »
L’homme veut croire que ça n’est pas trop tard. « On a des gens qui viennent parler avec nous et on s’aperçoit qu’il y a des recours possibles. » Lui ne souhaite pas s’engager dans de telles procédures.
Enfin, la démolition du parking doit s’achever au mois d’avril 2026, soit après les élections municipales. « Imaginons une minute que Mme Appéré ne soit plus aux affaires. Que devra faire le maire qui la remplacera avec un projet qu’il n’a jamais voulu ? Puis, si c’était urgent, pourquoi le faire en fin de mandat et pas plus tôt ? », s’interroge Patrick Guimault.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
Il estime que la « charrue a été mise avant les bœufs ». La destruction aurait pu avoir lieu après la mise en service des trambus, qui auraient offert une solution d’accessibilité améliorée au plus grand nombre.
« Les commerçants ne sont pas contre bêtement »
En pleine discussion avec des passants, Marie Beucher, gérante de la boutique Kartell, dans le centre-ville, n’en démord pas. « Je suis contre la suppression du parking sans solution alternative », indique-t-elle, d’emblée.
Les commerçants ne sont pas contre bêtement. Le centre-ville de Rennes, c’est le plus grand centre commercial de Bretagne. On ne peut pas vivre qu’avec les Rennais et nos clients sont loin de venir uniquement que de Rennes. On peut dire des commerçants qu’ils sont résignés. Non, on travaille juste d’arrache-pied pour maintenir notre activité et nos salariés.
Marie Beucher
Gérante de la boutique Kartell à Rennes
Elle regrette également que les panneaux installés au cours de l’été aux entrées de ville pour informer sur la fermeture du parking n’évoquent pas toutes les autres solutions de stationnement dans le centre-ville. « Sur les panneaux, il n’y a écrit que les parkings Les Lices et Charles de Gaulle, mais il y en a plein d’autres. »
Là encore, la perte de recettes (1 million d’euros chaque année) et le coût des travaux (30 millions d’euros) sont des arguments de défense du parking.
« Beaucoup de clients disent qu’ils ne s’embêteront plus à venir »
Depuis 2018, la commerçante estime ne pas avoir une seconde de répit : « On a eu les gilets jaunes, le Covid, les voies cyclables, les manifestations contre la réforme des retraites, l’inflation et maintenant ça. »
Amener l’écologie en centre-ville, il faut le faire, mais il faut aussi accompagner les gens et proposer des alternatives. Parmi mes clients, beaucoup me disent qu’ils ne s’embêteront plus à venir dans le centre-ville de Rennes.
Marie Beucher
Gérante de la boutique Kartell à Rennes
Face à cette clientèle en moins, c’est donc l’inquiétude qui monte chez la cheffe d’entreprise. « On a besoin de pédagogie, de donner les clés pour vraiment aider les gens à repérer les autres parkings, avec des panneaux lumineux, bien détaillés avec la localisation et le nombre de places, à chaque entrée de ville par exemple. » Tous ceux présents jugent cette « décision politique avant d’être une décision de bon sens ».
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.