LE MATCH DES TUBES (40/40) – Les deux artistes ont chanté les adieux déchirants : amoureux pour Françoise Hardy avec « Comment te dire adieu ? » et amicaux pour Jean-Louis Aubert avec « Voilà, c’est fini ».

La question du départ est toujours difficile. Même les meilleures choses ont une fin, qu’il s’agisse d’une relation, d’une vie professionnelle ou même d’une série d’été. La chanson française a su raconter ces moments où tout se termine. Pour cet ultime duel au soleil, nous opposons deux titres très différents mais qui ont marqué les Français : « Comment te dire adieu » de Françoise Hardy face à « Voilà c’est fini » de Jean-Louis Aubert. Deux tubes, un seul vainqueur.

En 1968, Françoise Hardy a déjà réussi à se différencier de la vague yé-yé. Elle n’est ni Sylvie Vartan, ni Sheila, ni France Gall. Son univers est plus intellectuel, mélancolique, et elle apparaît comme une confidente, loin de son statut d’icône. Elle découvre une mélodie américaine accrocheuse qu’elle souhaite adapter : « It Hurts to Say Goodbye ». Un peu vieillot, le morceau est modernisé avec une intro au clavecin et des percussions remarquables. Les petits cuivres qui accompagnent les refrains apportent une légèreté bienvenue. L’orchestration de Jean-Pierre Sabard est un petit bijou. Les paroles sont signées Serge Gainsbourg qui choisit des rimes en « ex » (sans le mot « sexe »). « Mon cœur de silex vite prend feu. Ton cœur de pyrex résiste au feu. Je suis bien perplexe. Je ne veux me résoudre aux adieux. » Ce départ contraint offre à Françoise Hardy une partie parlée pathétique qui annonce celle de « Message personnel ». Le morceau est à la fois sautillant et désespérant.

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Jean-Louis Aubert au sommet

Qu’y a-t-il de plus grave que la fin d’une histoire d’amour ? La fin d’une amitié et d’une aventure musicale débutée au milieu des années 1970. En 1989, Jean-Louis Aubert raconte la séparation de Téléphone dans « Voilà c’est fini ». La guitare d’introduction fait son effet et lance un titre à forte valeur émotive. Aubert compare cette séparation à celle d’un couple : « Voilà, c’est fini. On a tant ressassé les mêmes théories. On a tellement tiré chacun de notre côté que voilà, c’est fini. » Le rockeur est à son meilleur : la voix douce, mélancolique et triste. Les silences, les respirations et les reprises de chant sont aussi importants que les refrains et les couplets. Jean-Louis Aubert livre une performance phénoménale qui va marquer l’histoire musicale et faire du morceau un standard de la chanson française, concluant les histoires d’amour, les parcours professionnels et même les ultimes adieux, comme aux obsèques de Thierry Ardisson. « Voilà, c’est fini. Ne sois jamais amère, reste toujours sincère. T’as eu c’que t’as voulu. Même si t’as pas voulu c’que t’as eu. »

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Pour ce dernier match, deux tubes presque parfaits qui démontrent que la chanson française n’a rien à envier à ses voisines anglo-saxonnes. Si Françoise Hardy demeure une poétesse mélancolique et sensible, les dernières notes de Jean-Louis Aubert l’emportent. Avec un titre comme celui-ci, on aurait presque envie de vivre des adieux. Mais derrière chaque adieu se cache toujours la possibilité d’un retour.