Cette saison, le président du panel des commissaires
sportifs a changé en MotoGP ; la toute nouvelle direction de
course est en place depuis le début de l’année, et cela se remarque
aisément à travers les pénalités distribuées. Le double champion
500cc Freddie Spencer a laissé sa place à l’ancien pilote Simon
Crafar, et, d’après moi, c’est beaucoup mieux.
Une régularité exemplaire
Le panel, à l’ère Spencer, était extrêmement critiqué par les
pilotes. On se souvient, notamment, du commentaire de Johann Zarco
à Jerez l’année passée, qui n’avait pas dû plaire à la légende des
Grands Prix. Crafar, qui a pris la relève, met un point d’honneur à
être cohérent, ce que n’arrivait pas à faire Spencer par le passé.
Avant, certains pilotes recevaient des pénalités pour des actes
qui, à d’autres moments, n’étaient pas sanctionnés. Ça
n’allait pas du tout, et cette irrégularité mettait à mal la
légitimité du corps arbitral. Avec Crafar, tout va
beaucoup mieux, et je peux désormais facilement comparer et
comprendre les jugements de différents accrochages. En tant que
spectateur, voici la clarté qu’il nous fallait.
Fabio
Quartararo était indéfendable sur ce coup.
Exemple simple. En Hongrie, Fabio Quartararo a été pénalisé d’un
long lap pour avoir complètement raté son freinage au départ du
Sprint, compromettant ainsi la course d’Enea Bastianini, mais aussi
celle de Marco Bezzecchi.
C’était totalement cohérent avec ce qu’avait reçu Alex Marquez au
Qatar pour avoir poussé Di Giannantonio, et à Brno pour avoir fait
tomber Joan Mir. Le long lap devient la référence, le tarif
de base pour ce genre d’actions et ça me plaît.
Outre la régularité exemplaire dont fait preuve l’administration
Crafar, je trouve très intelligent le fait de juger
l’action, et non pas l’issue de l’accrochage. J’ai déjà
répété, à de maintes et maintes reprises, qu’un pilote ne devait
pas être pénalisé plus sévèrement parce que celui qu’il a fait
tomber s’est blessé. Il est responsable de l’erreur en piste, de
l’excès d’engagement, mais pas de la manière dont son vis-à-vis
percute le sol.
C’est pourquoi j’ai trouvé logique la pénalité donnée à
Quartararo, qui n’a certes pas fait tomber Bastianini, mais qui en
a trop demandé au freinage, comme Alex Marquez à Brno – même si
Mir, lui, a chuté. Franchement, bravo, car c’est la
preuve que Crafar et ses hommes s’investissent pleinement dans
cette mission. Pour l’instant, cette saison, je n’ai rien à redire
de ce côté là et ça fait plaisir, car une discipline aussi
prestigieuse que le MotoGP mérite largement des arbitres
compétents, ce qui n’a pas toujours été le cas.
Le cas Bastianini
Vient maintenant le moment de parler de la pénalité d’Enea
Bastianini. Même si nous n’avons pas clairement pu voir l’action,
il paraît indéniable que « Bestia » est seul responsable
de la chute de Johann Zarco. D’ailleurs, le Français n’a pas été
tendre avec lui en conférence de presse, affirmant que c’était son
style habituel. Justement, pour ceci, Bastianini a écopé d’un
double long lap à effectuer le lendemain, une sanction beaucoup
plus importante que celle réservée à « El Diablo ».
Pourtant, les deux excès étaient comparables,
non ? En fait, il a été pénalisé de la sorte car
c’était la deuxième fois qu’il avait été rappelé à l’ordre cette
saison, après avoir fait des siennes au départ du Grand Prix de
France. Ça a d’ailleurs été rappelé de
manière limpide dans un article paru sur le site
officiel. Bastianini n’en était pas à son coup
d’essai, donc, et son cas devient très difficilement défendable.
Hervé Poncharal s’est exprimé dans la presse, en accablant la
direction de course, précisant que Bastianini était une victime du
premier contact, et qu’il avait, par le fait, un problème de
Ride Height Device, l’empêchant ainsi de s’arrêter
correctement.
Ce n’est
pas la première fois que Bastianini fait un excès dangereux.
Trois choses l’une : premièrement, d’autres pilotes ont
balayé cette excuse, en estimant qu’un dysfonctionnement du
dispositif n’altérait pas la puissance de freinage. Deuxièmement,
Johann Zarco, principale victime, a bien précisé que se
faire percuter au premier virage n’était pas une raison pour
« dégoupiller » au suivant.
Troisièmement, effectivement, Bastianini s’est aussi lui-même
éliminé, mais une fois de plus, les commissaires ont justement
pénalisé l’action, et non pas le résultat de l’action. Je ne parle
pas des images que l’on a, absolument sans appel. Ainsi, j’ai
personnellement trouvé cette action très bien jugée, mais je peux
aussi comprendre la colère de Poncharal, car son pilote en forme
n’a pas marqué le moindre point sur un week-end qui lui était a
priori favorable.
Marini vs Morbidelli, remake d’Assen ?
Venons-en au dernier litige de ce week-end, à savoir, le petit
contact entre Luca Marini et Franco Morbidelli.
Aux abords de l’une des chicanes, Marini s’apprêtait à doubler
Morbidelli, mais celui-ci ne voulait rien lâcher. Ainsi, Marini dut
relever un poil, et « Franky », incapable de prendre le
virage, coupa la chicane. Quelques secondes plus tard, il lui fut
ordonné de rendre la position. Beaucoup étaient mécontents de ce
jugement, mais encore une fois, d’après-moi, c’était le bon.
A late skirmish for P5 between Marini &
Morbidelli ⚔️💥👀#HungarianGP
🇭🇺 pic.twitter.com/RLzFh9intA— MotoGP™🏁 (@MotoGP)
August 24, 2025
L’argument de ceux qui n’étaient pas en accord avec la décision
repose sur la position de Marini, qui, effectivement, est très
large, semble même emmener Morbidelli avec lui – particulièrement
visible sur la vidéo ci-dessus. Cependant, l’autre point de vue, en
caméra embarquée avec Marini, montre clairement que ce dernier est
au niveau du pilote Ducati VR46 au freinage, et que Morbidelli ne
lui laisse absolument aucun espace. Ainsi, le freinage de
l’officiel Honda est retardé, causant cet élargissement. De plus,
Morbidelli est coutumier du fait puisqu’il avait fait
exactement la même à Assen face à son coéquipier Fabio Di
Giannantonio. Là aussi, il avait reçu l’ordre de laisser
passer son adversaire.
Conclusion
Je ne fais pas ces articles pour flatter la direction de course,
mais simplement, pour vous rendre compte de ma vérité concernant
cet aspect primordial de notre sport. Quand ça ne va pas, je le
dis, et je le dirai encore. Mais là, force est de constater
que la FIM a fait d’énormes progrès en la matière, et qu’il faut
aussi les féliciter quand les choses vont dans le bon
sens.
Avez-vous la même lecture que moi concernant les accrochages du
week-end dernier ? Dites-le-moi en
commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.
Marini
l’a très bien joué. Photo : HRC
Photo de couverture : Michelin Motorsport