La mairie de Bordeaux et la foncière solidaire Darwin ont signé le 27 août un bail emphytéotique de 33 ans pour l’occupation et l’exploitation des deux hangars qui abritent le skate-park et les activités d’Emmaüs.
A la fois perçu comme un empêcheur de construire sereinement et un atout du territoire, l’écosystème Darwin poursuit ainsi son développement basé sur la culture, l’économie sociale et solidaire et l’environnement. Avec la signature de ce bail, la municipalité confirme son soutien aux activités de ce site atypique de la rive droite.
Darwin bénéficiait d’autorisations d’occupation temporaire jusqu’en 2016 et depuis, la collectivité, l’aménageur SAS Bastide Niel et le groupe Evolution, exploitant de Darwin et dirigé par Philippe Barre, ne parvenaient pas à trouver un terrain d’entente qui puisse allier réalisation de la ZAC Bastide Niel et développement des activités de Darwin. Une première tentative a été menée en décembre 2022 avec la création d’une Société coopérative d’intérêt collectif. Un projet abandonné car « le modèle posait des problèmes de garantie pour les banques », explique Philippe Barre.
Démarrage des travaux mi-2026
La mairie a alors fait le choix d’acquérir en décembre 2024 ces deux hangars d’une surface de 6 000 m2, auprès de la SAS Bastide Niel pour 2,1 millions d’euros TTC. Ils font donc aujourd’hui l’objet d’un bail emphytéotique de 33 ans. Cet acte marque la volonté de la mairie de soutenir ce site, et pour cause, une étude du bureau d’études Vertigo Lab (installé au sein de l’écosystème Darwin) révélait l’année dernière que ce site qui s’étend sur près de 5 hectares héberge 250 structures et représente 1 200 emplois et « qu’un emploi créé au sein de l’incubateur de Darwin génère trois fois plus d’emplois indirects que la moyenne des entreprises régionales ». Le tout développé grâce à des fonds privés à hauteur de 95%.
Aujourd’hui, les équipes de Darwin peuvent envisager la suite. Les travaux, d’abord, qui sont estimés à 4,7 M€ pour la totalité. Un collectif d’architectes devrait travailler sur le projet cet automne pour déposer un permis de construire à la fin de l’année et envisager un démarrage travaux mi-2026. L’idée est d’intégrer de nouvelles activités économiques en lien avec celles déjà présentes : skate shop, boutiques autour du roller et du BMX, un luthier… « Afin de concilier vocation associative et viabilité économique, il est convenu qu’au minimum 65% de la surface sera dédiée à des associations (…) La surface restante, plafonnée à 35%, pourra accueillir des activités commerciales et artisanales dont les revenus garantiront la pérennité financière du projet », précise un communiqué de la mairie.
À LIRE AUSSI
Les maîtres d’ouvrage de la métropole de Bordeaux font front commun pour le réemploi
Redevance annuelle
C’est en effet ce deuxième volet qui permettra à Darwin de payer la redevance annuelle fixée à 35 000 euros pour une durée de 30 ans ; les trois premières années étant prévues pour les études et travaux. Un point d’étape financier sera effectué entre les deux parties au bout de dix années d’exploitation, avec de possibles réajustements. Une clause prévoit que 1,5 million d’euros pourrait être dû à la SAS par la mairie, en cas de déséquilibre économique de la ZAC à son achèvement en 2032.
« Il n’y a aucune perte, estime Philippe Barre, car les projets de parking et de logements initialement prévus sur ces fonciers ont été relocalisés dans la ZAC. » Ce serait même, selon lui une valeur ajoutée. « Nous sommes une locomotive socio-économique, nous avons à la fois du sport pour tous et du haut niveau, une démarche écoresponsable et solidaire… Nous sommes un atout pour la ZAC », ajoute-t-il. Un sentiment partagé par la ville qui considère « ces espaces, stratégiquement situés au cœur de la Bastide en plein développement, et au sein de l’Ecosystème [comme de] véritables « communs » ».
De son côté, Claire Vendé, la directrice générale de BMA, aménageur de la ZAC via la SAS Bastide Niel, estime que « Darwin est un pôle d’attraction et nous aimerions que des synergies se créent, notamment avec le Pôle d’enseignement supérieur de la musique et de la danse ». La disparition des palissades de chantier entre l’écosystème et le reste de la ZAC d’ici à six mois, à la fin des travaux de l’opération Home de Marignan Immobilier, devrait permettre de créer une première passerelle.