La campagne 2025 de pommes de terre s’annonce historique. Selon l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), la production pourrait atteindre 8,5 millions de tonnes, du jamais-vu depuis dix ans. Mais cette abondance inquiète les agriculteurs, confrontés à une chute brutale des prix.

La récolte de pommes de terre de conservation, destinées à l’industrie (frites, chips, purées) ou à la consommation fraîche, devrait être 10 % supérieure à 2024, soit 900.000 tonnes de plus. Cette hausse est directement liée à l’expansion des surfaces cultivées : 197.000 hectares en 2025, en progression de 10,3 % sur un an.

L’équilibre du marché menacé

« Cette augmentation est commune aux grands pays producteurs du nord de l’Europe », souligne Alain Dequeker, secrétaire général de l’UNPT. A eux quatre, la France, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas ont planté 55.000 hectares supplémentaires.

Si la France reste le premier exportateur mondial de pommes de terre, l’organisation redoute une « crise de l’offre », avec des volumes dépassant les capacités d’absorption du marché, alors que la demande industrielle s’essouffle. « Cela fait plus d’un an que nous alertons sur les risques d’un volume de production dépassant la capacité réelle du marché », rappelle Alain Dequeker.

Des prix sous pression

En théorie, la contractualisation protège une majorité des producteurs : environ 80 % des volumes industriels sont sécurisés à l’avance, garantissant un prix fixé dès la plantation. Aujourd’hui, la tonne se négocie autour de 180 euros en sortie de champ, et jusqu’à 230 euros pour les lots stockés plusieurs mois.

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Mais pour ceux qui ont produit davantage que prévu, la situation devient critique. « Les agriculteurs les plus pénalisés seront ceux qui ont peu contractualisé », explique Alain Dequeker. Selon lui, certains industriels n’hésitent plus à proposer « des prix indécents, allant de zéro à 15 euros la tonne », des niveaux synonymes de travail à perte.