Yann Andréa, né Yann Lemée, a vécu seize ans, de 1980 à 1996, au côté de Marguerite Duras et dans ses livres. Avant et après, qui est-il ? Julie Brafman, journaliste à Libération, enquête avant même d’avoir abordé le continent durassien. Elle se rattrape à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (Imec), où elle découvre les manuscrits «rapiécés» et un fantastique courrier des lecteurs. A Caen, où Yann Lemée, né en 1952, a vécu, on lui parle du dandy du lycée Malherbe, de Duras au Lux, le cinéma d’art et essai, en 1975, de celui «qui disait à tout le monde qu’il passerait sa vie avec un écrivain, Barthes ou Duras». Cela a failli être Barthes, c’est Duras, il a 28 ans et elle 66. Deux protagonistes apparaissent ici : la sœur cadette, Pascale Lemée, morte seule, comme Yann et comme leur frère aîné. Et puis «F.», un professeur de sociologie italien, marié et père de famille, amant devenu un indéfectible soutien, jusqu’au jour de 2012 où il écrit à la famille qu’il ne peut plus rien faire. Cette lettre est un des documents reproduits par l’autrice qui a eu accès à des archives aussi inédites qu’imprévues, rescapées du «tombeau de déchets» dans lequel a été retrouvé le cadavre de Yann Andréa en juillet 2014. Et, restés dans une cave, les carnets qui ont fourni la matière de C’est tout en 1995 ressurgissent. Cl.D.

C’est un récit du genre rude, tellurique, entre êtres frustes chaussés de sabots. Un monde rural archaïque, idéalement or