Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont appelé vendredi l’Iran, lors d’une réunion aux Nations unies, à satisfaire trois exigences afin de repousser leur menace de réimposer des sanctions onusiennes, offrant ainsi un espace pour des discussions visant à répondre à leurs préoccupations concernant le programme nucléaire de Téhéran.

Les ambassadeurs de ces trois pays — connus sous l’appellation E3 — ont publié une déclaration commune avant une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, au lendemain du lancement par ces États d’une procédure de 30 jours pour rétablir les sanctions de l’ONU contre l’Iran en raison de son programme nucléaire contesté.

Le groupe E3 a proposé de reporter la réintroduction des sanctions — appelées « snapback » — pour une durée pouvant aller jusqu’à six mois si l’Iran rétablissait l’accès des inspecteurs nucléaires de l’ONU, répondait aux inquiétudes concernant son stock d’uranium enrichi, et s’engageait dans des discussions avec les États-Unis.

« Nos demandes étaient justes et réalistes », a déclaré l’ambassadrice britannique auprès de l’ONU, Barbara Woodward, qui a lu la déclaration. « Cependant, à ce jour, l’Iran n’a montré aucun signe qu’il prenait ces demandes au sérieux. »

« Nous exhortons l’Iran à reconsidérer sa position, à parvenir à un accord sur la base de notre offre, et à contribuer à créer l’espace nécessaire à une solution diplomatique durable à ce problème », a-t-elle ajouté, aux côtés de ses homologues allemand et français.

En réponse, l’ambassadeur iranien auprès de l’ONU, Amir Saeid Iravani, a qualifié l’offre du E3 de « pleine de préconditions irréalistes ».

« Ils exigent des conditions qui devraient être le résultat de négociations, et non le point de départ, et ils savent que ces demandes ne peuvent pas être satisfaites », a-t-il déclaré aux journalistes.

Iravani a estimé que le E3 devrait plutôt soutenir « une courte extension technique et inconditionnelle de la résolution 2231 », qui consacre l’accord nucléaire de 2015 levant les sanctions onusiennes et occidentales contre l’Iran en échange de limitations sur son programme nucléaire.

PROJET SINO-RUSSE

La Russie et la Chine ont proposé un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU visant à prolonger de six mois l’accord de 2015 et à appeler toutes les parties à reprendre immédiatement les négociations. Toutefois, elles n’ont pas encore demandé de vote.

Ces deux alliés stratégiques de l’Iran ont retiré du texte les passages controversés — initialement inclus dimanche lors de la première proposition — qui auraient empêché le E3 de réimposer des sanctions onusiennes à l’Iran.

Iravani a qualifié le projet de résolution russo-chinois de mesure pragmatique pour donner plus de temps à la diplomatie. Pour être adoptée, une résolution doit recueillir au moins neuf voix favorables et ne faire l’objet d’aucun veto de la part des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni, de la Chine ou de la Russie.

Les inspecteurs nucléaires de l’ONU sont retournés en Iran pour la première fois depuis que le pays a suspendu sa coopération avec eux après des attaques sur ses sites nucléaires en juin, attribuées à Israël et aux États-Unis. Toutefois, l’Iran n’a pas encore conclu d’accord sur les modalités de reprise complète de sa collaboration avec l’Agence internationale de l’énergie atomique.