Nul n’est censé ignorer la Loire – volet 4. Durant tout le mois d’août, If Saint-Etienne vous propose de découvrir sa série de dossiers consacrés aux affaires qui ont marqué la vie judiciaire stéphanoise et ligérienne. On termine avec l’affaire Magali Rossi.
Le 3 août 2002, Sylvain Bétrix, boulanger à Saint-Just-Saint-Rambert, perdait la vie pour un butin dérisoire de 35 euros. S’en suit un émoi national et plusieurs mois d’enquête, avant que l’une des protagonistes ne se dénonce aux gendarmes.
35 euros. Le 3 août 2002, trois jeunes femmes qui vivent ensemble à Saint-Etienne ont, comme à leur habitude, consommé beaucoup d’alcool. L’une d’elle, Magali Rossi, se décide à commettre un braquage pour renflouer les caisses du foyer. Armée d’un fusil de chasse, elle se rend en voiture à Saint-Just-Saint-Rambert, accompagnée par l’une de ses amies. C’est par hasard qu’elle choisisse la boulangerie de la commune. Le schéma est classique, l’une des deux restera dans la voiture, prête à partir, tandis que l’autre, Magali Rossi, entre dans le commerce, arme à la main…
A fond la caisse
La jeune femme se lance. Sous la menace de son arme, elle tente de se faire remettre le contenu de la caisse par la boulangère, Virginie Bétrix. Cette dernière, terrorisée, s’enfuit en criant, ce qui réveille son époux, Sylvain Bétrix, qui dort dans l’arrière-boutique. Le boulanger de 22 ans se précipite dans la boutique où Magali Rossi est en train de vider la caisse.
En l’apercevant, elle lui tire dessus et prend la fuite avec sa complice. Toutes deux retrouvent leur colocataire qui se charge de faire disparaître les preuves en passant la tenue de Magali Rossi au lave-linge. Le butin est maigre. 35 euros. Pour l’heure, celle qui a appuyé sur la détente ne le sait pas encore, mais le jeune boulanger n’a pas survécu à ses blessures et sa mort va susciter l’émoi dans tout le pays.
Balance
La boulangère est certaine d’une chose. La personne qui a tiré sur son mari est une femme « d’allure masculine », et un portrait-robot est réalisé à partir de son témoignage. Néanmoins, l’enquête piétine pendant des semaines. Un peu plus de deux mois après les faits, la colocataire dénonce Magali Rossi et sa complice, rongée par la culpabilité. Un tournant dans l’affaire qui conduit à l’arrestation des deux jeunes femmes à leur domicile, situé face au Palais de justice. Rapidement, le duo se met à table. Elles expliquent former un couple à trois, avec leur colocataire. L’une des trois femmes a un enfant en bas âge et l’argent manque au foyer, sur fond d’alcool et de drogue.
Anne-Sophie Royol est poursuivie pour complicité de vol accompagné ou suivi de violences ayant entraîné la mort. La jeune femme qui a dénoncé le crime à la gendarmerie, devra répondre de destruction de preuve. Magali Rossi, qui a avoué avoir tiré sur le boulanger, sera jugée pour meurtre.
La case prison
A la suite d’un vice de procédure, l’accusée est remise en liberté sous contrôle judiciaire au mois de septembre 2005, un peu plus de deux mois avant la tenue du procès, à Saint-Etienne. Procès durant lequel elle sera incarcérée, sur décision du président de la cour d’assises.
Au terme de quatre jours de débats, Magali Rossi est condamnée à 28 ans de réclusion. C’est plus que ce qu’avait requis l’avocat général. Sa complice a écopé de 10 ans de réclusion criminelle, tandis que leur colocataire a été condamnée à trois mois d’emprisonnement, dont deux avec sursis. Magali Rossi a été libérée à l’automne 2018 et est décédée peu de temps après.