En un demi-siècle de mandats, Paul Brunel (de 1977 à 1995) puis Maurice Andrieux (de 1995 à 2001) ont accompagné les grands changements de la commune que l’on connaît aujourd’hui.
Ils se sont retirés de la vie politique et gardent leurs distances, mais restent des Castriotes attentifs à la vie de leur village. Bien sûr. Paul Brunel, aujourd’hui âgé de 92 ans, fut maire de 1977 à 1995, et Maurice Andrieux, 87 ans, de 1995 à 2001. Ils livrent le témoignage historique et précieux de deux mémoires vivantes.
« Je n’étais pas destiné à être ni conseiller général ni maire ! », confie avec humilité Paul Brunel, né le 21 janvier 1933 à Castries. Pourtant, durant plus de trente ans, il a marqué l’histoire municipale, d’abord comme conseiller général du canton entre 1972 et 1985, puis comme maire, de 1977 à 1995.
Paul Brunel a fait construire la halle aux sports, le dojo, la crèche, la résidence pour les personnes âgées, etc.
Michel Méjean
Sous ses trois mandats, la commune a vu sa population doubler, passant de 2 500 à 5 000 habitants. Une croissance qui a imposé de nouveaux besoins. « On me demandait des terrains de sport, des salles de réunion pour les associations », se souvient l’ancien édile. À ces attentes, il a répondu par des équipements structurants : halle aux sports, dojo, crèche, résidence pour personnes âgées La Farigoule, hangars pour pompiers et forestiers-sapeurs.
Paul Brunel, visionnaire avec le « bon sens paysan »
Mais son empreinte dépasse les infrastructures. Visionnaire, il a défendu l’acquisition du domaine de Fondespierre et des terres de la Guesse. « Personne ne me l’avait demandé, c’était mon choix, se souvient-il. Je ne pouvais concevoir que ces terres partent à un promoteur. »
Ce pari s’est transformé en projet global : un centre de formation, des jardins familiaux, un rucher école, l’entretien de 1 200 oliviers, sans oublier le Tennis-Padel Club et un centre de loisirs pour les enfants.
Ses regrets ? L’arrêt des concours d’attelage, ou celui du projet d’un « village des automates » comme à Saint-Cannat dans les Bouches-du-Rhône, ou encore le manque de perspectives sur les carrières. Mais il reste fidèle à sa méthode : penser « avec le bon sens paysan » et toujours proposer. « Le maire doit s’entourer de gens qui s’impliquent et maîtriser l’urbanisation pour éviter la concentration. »
Aujourd’hui, Paul Brunel se garde de prodiguer des conseils aux équipes actuelles. Mais à travers ses réalisations et à la forte implication de feu son épouse « Madou », c’est toute une vision de Castries qu’il a laissée, celle d’un village qui a grandi sans renier son âme.
Maurice Andrieux à l’origine du rond-point Charles-de-Gaulle
D’abord adjoint à l’urbanisme dès 1983, Maurice Andrieux, né le 27 avril 1938, a accédé à la fonction de maire en 1995. Un mandat unique, interrompu en 2001 pour des raisons de santé, mais riche en réalisations.
Porteur du projet de rond-point d’entrée de ville, il l’inaugurera sous le nom « Charles de Gaulle ». Deux ans plus tard, en 1997, il négocie avec le Conseil général, présidé alors par Gérard Saumade, l’acquisition des terrains de l’ancienne gendarmerie à l’entrée de Castries.
Maurice Andrieux a été maire de Castries de 1995 à 2001.
Michel Méjean
Son mandat voit aussi l’émergence de nombreux projets : aménagement des jardins familiaux à Fondespierre, construction de logements sociaux, création du parking des Libertés. Mais son « coup de cœur » reste l’aménagement de l’espace Gare et la construction de la nouvelle école de la Guesse, symboles d’un village en pleine transformation.
Conscient de l’évolution démographique, il met en place la police municipale et fait construire les cuisines des écoles à Marcel-Pagnol. « Il fallait bien adapter les services », rappelle-t-il. Avec un sourire, il évoque aussi une époque où la vie politique locale se vivait avec intensité : « Les réunions étaient animées, ça remuait lors des campagnes électorales et de l’affichage. Mais après l’élection, on reprenait le travail pour la collectivité. »
Entre les deux, des divergences politiques
Guidé par une conviction gaulliste, Maurice Andrieux se voulait pragmatique : au-delà des étiquettes, l’essentiel était que « chaque projet réponde aux besoins de la population ». Il conserve toutefois quelques regrets : ne pas avoir mené à bien l’extension de la mairie, qui aurait relié le bâtiment principal au service urbanisme, ou encore l’aménagement du secteur du foyer Paulet.
Le complexe sportif du stade Emile-Granier avec le foyer Paulet et la halle aux sports Babeth-Bertaud (à gauche).
Michel Méjean
Avec son prédécesseur Paul Brunel, il a connu des divergences politiques, mais garde le souvenir de relations franches et respectueuses. Aujourd’hui retiré de la vie publique, il observe avec intérêt l’évolution du village, sans intervenir. « Je me garde de donner des conseils », dit-il simplement.
Reste le témoignage d’un maire qui aura accompagné Castries sur le chemin de la modernité, sans jamais perdre de vue l’intérêt collectif.
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