Par

Thomas Martin

Publié le

30 août 2025 à 7h14

À deux pas du Parc des Princes, l’antre du PSG dans le 16e arrondissement de Paris, Évelyne Margaroli verra débarquer dimanche 31 août le Paris FC dans le stade Jean-Bouin, face à ses fenêtres. « On ne peut plus être tranquille », soupire-t-elle, craignant pour le calme de son quartier, déjà bien animé les soirs de match. Ce dernier, situé dans le sud-ouest de la capitale, à l’orée du bois de Boulogne, est un « agréable petit village » la semaine, mais nettement moins le week-end, estime la retraitée de 70 ans.

Un vacarme assourdissant les jours de matches

Une semaine sur deux, le Parc des Princes attire plus de 45 000 supporters pour les rencontres de Ligue 1 de football du Paris Saint-Germain, le champion d’Europe. Le week-end suivant, 50 mètres plus loin, le stade Jean-Bouin, avec ses quelque 20 000 places, accueille les matches de Top 14 de rugby du Stade français.

Dans les rues, la circulation est alors compliquée, mais Évelyne Margaroli souffre surtout du bruit engendré. Son appartement donne directement sur Jean-Bouin alors, pour un peu de silence, elle porte des bouchons d’oreilles « sur mesure », parfois même « un casque de chantier ».

Dans une vidéo enregistrée depuis son salon, visionnée par l’AFP, le vacarme de la sono dans le stade se révèle en effet assourdissant. La riveraine redoute que la situation s’aggrave alors que jusqu’à deux matches auront lieu désormais chaque week-end dans le quartier de septembre à mai.

Car le stade Jean-Bouin a dorénavant un second locataire: promu en Ligue 1, le Paris FC y disputera cette saison ses matches à domicile, toutes les deux semaines, en alternance avec ceux de rugby.

Après 18 saisons au stade Charléty (XIIIe arrondissement), le club inaugurera les lieux dimanche après-midi en recevant Metz, dans le cadre de la 3e journée de L1.
« Je ne sais pas à quoi vont ressembler les supporters du PFC », souffle Evelyne Margaroli. « Je crains le pire », poursuit-elle, estimant que la violence est « beaucoup plus présente dans le football » que dans le rugby.

« Le problème c’est la manière dont les footeux se comportent »

Junelly Soan, 40 ans, semble moins préoccupée. « Ça ne nous dérange pas vraiment », glisse-t-elle, d’autant que son jeune fils, passionné de football, « adore lorsqu’il y a match et du monde dans le quartier ». Mais cette riveraine fait figure d’exception.

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Léa Morra, 29 ans, styliste dans une grande maison de mode qui loue un appartement près de la porte de Saint-Cloud, ne supporte plus, elle, « ce sport qui s’empare à ce point de l’espace public ».

« Le problème, c’est pas le fait qu’il y ait de l’animation, c’est la manière dont les footeux se comportent », regrette-t-elle, évoquant les bousculades dans le métro bondé les soirs de match.

Pas d’inquiétudes du côté de la préfecture de police

Aux abords du Parc des Princes, les incidents se font rares depuis 2010 et la mise en place d’un plan de sécurisation spécifique pour les matches du PSG.
Côté Paris FC, un groupe de supporters ultras a été dissous en mai pour son implication dans des violences et des dégradations, mais le club parisien ne le reconnaissait pas.
En outre, la préfecture de police ne se montre pas spécialement inquiète, relevant notamment, qu’à ce stade, « il n’y a pas d’antagonisme connu entre supporters du PFC et du PSG ».

Avec l’arrivée du PFC à Jean-Bouin, cafetiers et restaurateurs du coin, eux, se frottent les mains. « Bien sûr, c’est positif! », affirme Laurent Gilbert, 37 ans, responsable de la brasserie Aux 3 Obus située porte de Saint-Cloud, près des bouches de métro. « On va avoir plus de monde, mais on a l’habitude. On fera travailler plus d’extras ».

Le restaurant Les 2 Stades, un peu plus loin, aura « moins de jours de repos », indique son directeur Patrick Lacoste, 54 ans. L’établissement, où quand le PSG joue « c’est la folie, on n’arrête pas », devra maintenant ouvrir ses portes chaque week-end.

Une bonne nouvelle pour le chiffre d’affaires, mais « on va voir si les supporters du PFC sont aussi bien que ceux du PSG. S’ils sont consommateurs, ou plutôt spectateurs », dit-il.
« Ça va être le bordel », estime pour sa part Daniel, 78 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom. Ce Boulonnais habite le quartier depuis 1981 et a toujours préféré les matches de tennis à Roland-Garros car « les gens sont beaucoup plus disciplinés ». 
Il a sa théorie: « Vous savez, plus les balles sont petites, moins les supporters sont emmerdants ».

Avec AFP

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